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 Confession d’une ancienne néo-nazie

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salagos

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PostSubject: Confession d’une ancienne néo-nazie   Confession d’une ancienne néo-nazie I_icon_minitimeTue 06 Oct 2009, 5:31 am

« Sa capacité à s’extirper elle-même des tentacules du
mouvement néonazi torontois et à devenir une activiste de l’antiracisme est un témoignage de sa bravoure. Son histoire, racontée dans ce rapport, est à la fois unique et poignante ».

Bernie Farber, directeur général
Rédacteur, From Marches to Modems,
Congrès juif canadien, région de l’Ontario
Pendant trop longtemps, les membres des groupes néonazis et haineux
ont été décrits comme étant des personnes peu instruites, venant des
classes populaires. C’est loin d’être la vérité. Leurs leaders
proviennent en fait de toutes les couches de la société. Certains sont
même fort cultivés.

C’était le cas d’Elizabeth Moore. Ancienne
étudiante de l’Université Queen’s, elle allait devenir, bien que toute
jeune, l’une des rares femmes porte-parole du Heritage Front, une
organisation canadienne néonazie, vouée à la suprématie de la race
blanche.

Elizabeth Moore : son histoire racontée par elle-même

Par Elizabeth Moore

Au Canada, les néonazis sont souvent perçus comme des gens du milieu
ouvrier, peu instruits, bref des laissés-pour-compte comme le sont les
punks de la rue. Ce stéréotype nous permet de les ignorer et d’avoir
comme réflexion : « Pas dans ma cour ! » et « Pas dans mon école ! ».
Si certains d’entre eux sont effectivement des punks, ce n’est pas le
cas pour tous. Je connais personnellement ou j’ai entendu parler de
17 néonazis qui sont soit étudiants, soit diplômés de quelque huit
institutions postsecondaires ontariennes.

Je ne peux expliquer pourquoi des personnes instruites sont attirées par le mouvement. Chacun a sans doute ses propres raisons. Ce que je ferai, c’est vous raconter mon histoire à partir du moment où j’ai été séduite par le
mouvement jusqu’au jour où j’ai pris la décision de le quitter. Au delà
de ce récit, ce dont je veux vous faire prendre conscience, c’est
pourquoi et comment vos amis, vos voisins ou des membres de votre
famille peuvent devenir des racistes extrémistes.

Si une personne est intéressée à joindre les rangs d’un groupement comme le
Heritage Front, c’est qu’un certain racisme doit couver en elle. C’est
vrai que j’étais raciste avant d’être présentée au groupe. Plusieurs
personnes pensent que le racisme naît dans la famille. Cependant, en ce
qui me concerne, mes deux parents étaient assez libéraux. C’est donc
dire que, dans mon cas, le racisme m’a été enseigné à l’école. J’avais
des amis blancs qui se plaignaient amèrement de l’invasion du voisinage
par les « Chinetoques ». Mais j’ai aussi vécu l’envers de la médaille :
on m’a insultée, poussée dans les casiers et intimidée dans les cours.
À cette époque, je ne comprenais pas la source de la rage de mes
compagnons de classe non blancs. Leur comportement a donc intensifié le
racisme présent en moi-même.

Cinq ans plus tôt, lorsque j’étais en 12e année, j’ai rencontré un gars prénommé Hans. Il était différent des autres gens que je connaissais. Il était Allemand et un peu plus âgé que le reste de la classe. Je l’aidais dans ses devoirs parce qu’il avait des problèmes avec sa grammaire anglaise. Puis, peu à peu, il m’a présenté le national-socialisme. Par la suite, il m’a donné quelques tracts sur le Heritage Front. Il me disait que c’était « la réplique de
l’homme blanc au multiculturalisme ». Les tracts précisaient qu’il
s’agissait d’un groupement rassemblant des hommes et des femmes
ordinaires préoccupés par l’avenir du Canada et persécutés par la
Commission des droits de la personne en raison de leur franchise.

Quand j’explique pourquoi j’ai joint un tel mouvement, je me sens toujours
déchirée. Je voudrais dire que c’est uniquement pour des raisons
politiques, telles l’immigration et la liberté d’expression, mais je
prends conscience aujourd’hui que ce n’était qu’une des raisons. Ça,
c’est ce qui se passait dans ma tête. Mais ce qui me rendait différente
des autres citoyens ignorants et bien intentionnés, c’était ce qui se
passait dans mon coeur.

Je ressentais de la haine envers moi-même et de l’amertume, en raison du fait que je ne contrôlais pas ma vie, ni à la maison ni à l’école. Pendant longtemps, j’ai¸intériorisé ce négativisme et lorsque j’étais injustement critiquée par quelqu’un, je lui donnais raison. Ce que le Heritage Front m’a permis de faire, c’est d’extérioriser la haine que j’avais en moi et, de ce
fait, de mieux me sentir par rapport à moi-même. Quel meilleur
électrochoc pour votre estime personnelle que de se faire dire que vous
êtes membre de la race supérieure de la planète ! Du coup, ce que
pouvaient dire mes pairs non-blancs ne m’atteignait plus parce qu’ils
n’étaient que des Noirs. Mon voisinage changeait de visage en raison de
l’arrivée de Chinois ? Aucune importance. Ils seraient éventuellement
déportés lorsque nous prendrions le pouvoir. Finalement, je commençais
à mieux me sentir parce que je n’étais pas juste assise à me plaindre.
Je faisais quelque chose de ma vie, bien que ce n’était encore que de
la lecture de propagande et de la distribution de tracts.

J’étais une recrue convaincue mais encore trop timide pour eux. Pendant des mois, tout ce que je faisais, c’était d’envoyer des magazines et de
parler au téléphone avec Wolfgang Droege. Parfois, j’envoyais de
l’argent et je distribuais des cartes de visite du Heritage Front.

Cependant, tout s’est mis à changer quand j’ai écrit mon premier article pour Up Front, le magazine du Heritage Front. Ironiquement, mon premier article était une critique d’une pièce publiée par David Lane, un membre du célèbre groupe raciste et terroriste The Order, purgeant une peine
d’emprisonnement à vie aux États-Unis pour le meurtre d’une
personnalité juive de la radio. Il avait écrit un article avançant que
les femmes blanches sont à la fois corrompues et séduites par le
pouvoir. Il affirmait que la seule façon de se « réapproprier les
femmes » était de le faire par la force. Je différais d’opinion. Sans
savoir que Lane était célèbre dans les milieux racistes, je supposais
qu’il n’était qu’un jeune homme frustré et sans envergure et j’ai taillé ses arguments en pièces.

Mon article est rapidement devenu le plus controversé de ceux que le Heritage Front ait publié. Ce fut aussi par cet article que Wolfgang et d’autres membres du Front me firent prendre racine plus profondément au sein du groupe. Ils s’employèrent à me répéter que j’étais meilleure que ma famille, mes amis ou mes professeurs parce que j’avais une conscience raciste. Ils
m’ont également félicitée pour m’être tenue debout face à Lane. Ils
faisaient constamment des blagues et des remarques racistes dans le but
d’imprégner mes discours de rhétorique raciste.

Ce sont eux qui m’ont procuré des ouvrages révisionnistes, niant l’existence de l’Holocauste. Ceux-ci provenaient de trois sources : de Ernst Zundel,
de l’Institute for Historical Review in America, ainsi que d’autres
membres du Front. Ainsi, Gerry Lincoln me donna accès, ainsi qu’à mon
copain, à son importante collection de vidéos telles The Eternal Jew et Triumph of the Will.

La négation de l’Holocauste est importante au sein du mouvement parce
que si une personne arrive à croire qu’un des plus horribles crimes
contre l’humanité n’est qu’un canular inventé par l’Occident et imaginé
par les victimes, cette personne sera prête à croire tout ce que lui
diront les leaders du mouvement.

Je suis rapidement devenue « accro » de l’euphorie de la haine ainsi que d’un vif sentiment d’appartenance que je n’avais jamais connu auparavant. Mon attachement au groupe se fortifiait sans cesse, à un point tel que je voulais
continuellement en faire davantage sans égard pour les coûts
potentiels, qu’ils soient monétaires ou autres. Au moment où je fus
prête à quitter le groupe, j’étais reporter attitrée à Up Front, je m’occupais d’une ligne téléphonique haineuse et j’étais la porte-parole du mouvement auprès des médias. Je distribuais en plus des dépliants, je rédigeais des discours, j’infiltrais des organisations de gauche ainsi que des assemblées publiques, telle celle menée par Bernie Farber, le directeur national des relations avec la communauté du Congrès juif canadien, lorsqu’il est venu parler à Queen’s.

Je vivais une « Vie aryenne » dans laquelle chaque action était vue comme
une contribution à l’amélioration de la race. Cette « Vie aryenne »
influençait non seulement mes actions politiques, mais également mes
goûts en matière de musique, de vêtements, d’émissions de télé et de
films, pour n’en citer que quelques-uns. Au moment où je fus prête à
quitter le groupe, 90 % de mes amis, y compris mon copain,
appartenaient au Heritage Front, de même que mes espoirs, mes pensées
et mes rêves d’avenir.

La première fois que j’ai eu des doutes, ce fut à l’occasion du tournage du film Hearts of Hate: A Battle for Young Minds.

Il s’agissait d’un film documentaire réalisé par le cinéaste
indépendant Peter Raymont. Le Heritage Front vit là une belle occasion
de diffuser son message. Du moins, le croyait-il. C’était la première
fois que je considérais ce que les autres pouvaient penser de mon point
de vue. Aussi répondis-je soigneusement aux questions du producteur. À
cette époque, je fus présentée à Eric Geringas, le producteur-associé
du film. Si je me souviens bien, c’était un jeune homme dans la fin de
la vingtaine. Après ma défection, j’ai appris qu’il était juif. Comme
je regardais cet homme travailler, je me rendis compte qu’il avait du
succès. Je me suis aussi rendu compte que peut-être, juste peut-être,
que l’avenir pour nous, les jeunes, n’était pas aussi noir que le Front
voulait bien nous le faire croire. J’ai commencé à penser qu’en
travaillant fort, il existerait peut-être un avenir autre que celui
proposé par les racistes extrémistes.

En septembre 1994, lorsque je suis retournée en classe, j’ai eu une crise personnelle en raison de laquelle j’ai blessé des gens qui m’étaient proches. J’ai été l’objede critiques négatives pour The Hearts of Hate, dont
certaines parties avaient été tournées à l’Université Queen’s. J’ai
alors décidé de mettre la pédale douce sur mes activités politiques, le
temps de reprendre le contrôle de ma vie. Cependant, je me rendis
compte que c’était impossible. Je m’étais engagée à faire fonctionner
la ligne téléphonique haineuse et j’avais des obligations personnelles
envers mon copain et à mes autres amis racistes.

Vers la journée de lAction de Grâces de 1994, tout partait à la dérive. Non seulement jétais insatisfaite de ma vie, mais j’ai découvert que j’avais été
roulée par la direction du Heritage Front. On m’a finalement avoué que
les dépliants qui avaient causé la condamnation d’Elisse Hategan pour
propagande haineuse étaient ceux du Heritage Front. Elisse fit
défection du Heritage Front vers l’époque où je suis devenue activiste.
Dans le but de me garder, les dirigeants du Front me dirent qu’ils
n’avaient rien à voir avec les dépliants qu’elle distribuait et dans
lesquels, notamment, on comparait les Noirs à des gorilles. Le Front
tenta de me convaincre qu’ils avaient même essayé de l’empêcher de les
distribuer. Je compris alors que s’ils m’avaient menti à ce sujet, ils
devaient me cacher bien d’autres choses. Je commençai à voir de mes
propres yeux à quel point la violence était importante au sein du
groupe. Je réalisai également qu’ils ne voulaient pas traiter les
femmes de façon équitable et que j’étais une anomalie à leurs yeux.
Chaque autre femme, à l’exception d’Elisse Hategan, suivait son petit
ami et ne voulait rien de plus que lui plaire et avoir des enfants
aryens.

Avec cette nouvelle perspective, je savais que j’aurais
besoin de faire davantage que simplement disparaître peu à peu du
décor. J’avais besoin de faire complètement défection afin de pouvoir
me libérer. J’avais peur et je ne savais pas vers qui me tourner.
Heureusement, en 1994, Bernie Farber a été réinvité à l’Université
Queen’s pour donner une deuxième conférence sur le néonazisme au
Canada. Par l’intermédiaire d’Eric Geringas, j’obtins un rendez-vous
avec M. Farber. Après le discours auquel je n’ai pas assisté cette
fois-ci, nous sommes allés dans un café et nous avons eu une longue et
déchirante conversation. Il me dit que je devais cesser de travailler
pour la ligne téléphonique haineuse et que je devais rompre tout lien
avec mes amis néo-nazis, mon copain inclus. À ce moment-là, je ne
savais pas si j’en serais capable. M. Farber me demandait de renoncer à
la vie telle que je la connaissais. Honnêtement, j’ignorais si je
pouvais lui faire confiance. Je me disais qu’il en recherchait un
avantage personnel. Après tout, il était l’ennemi qui essayait
d’envoyer mes amis derrière les barreaux.

Après y avoir
longuement réfléchi, je décidais d’essayer et de lui faire confiance.
En décembre 1994, alors que j’étais à Toronto pour la période des
Fêtes, M. Farber m’invita à son bureau pour discuter. Je n’avais aucune
idée de ce sur quoi porterait notre discussion. Lorsque j’arrivai, il
me demanda mon point de vue sur l’Holocauste. J’étais abasourdie !
Chaque nazi en Ontario donnerait son bras droit pour être en position
de débattre de l’Holocauste avec quelqu’un comme Bernie Farber. Mais
j’étais incapable de le faire. Assise dans son bureau du Congrès juif
canadien, mes vues sur la question, que j’avais si férocement
défendues, me semblaient illogiques et incroyables. Aussi, le
regardai-je simplement bouche bée.

Après ce qui m’a semblé être
des heures à répondre à ses questions au sujet de mes opinions, il
m’invita au Centre commémoratif de l’Holocauste. La première chose
qu’il fit fut de me montrer un mur couvert de photographies de gens
ayant péri pendant l’Holocauste. Il me pointa la photographie d’une
femme avec son bébé souriant. Celle-ci aurait pu être prise n’importe
où, comme on en retrouve dans nos maisons. Sur le ton de la colère, il
s’exclama : « Ce bébé est mort dans les chambres à gaz à Auschwitz.
Maintenant, dis-moi ce qu’il avait à faire avec ce qu’on appelle la
conspiration juive ? ». Je ne pouvais répondre. Je ne pouvais même pas
le regarder. Par la suite, nous nous sommes assis et nous avons regardé
un documentaire sur l’histoire de l’Holocauste. Au fur et à mesure que
les images défilaient à l’écran, je réalisai que ce n’était ni les
Juifs, ni les Non-Blancs qui étaient des sous-humains, mais bien moi.
Et comme j’étais assise à côté de M. Farber, je me sentis – encore
maintenant, je ne trouve pas le bon mot pour exprimer vraiment ma
pensée – « sous-humaine ». Je me suis sentie telle un déchet, et que je
ne méritais pas de vivre. Après notre rencontre, j’ai dit à mon hôte
que les Juifs s’étaient battus pour sauvegarder leur dignité alors
qu’ils n’avaient plus rien pendant que moi, qui avais tout, je l’avais
laissée filer. Il acquiesça de la tête et dit : « Oui, mais la beauté
de l’humanité, c’est qu’on peut toujours la récupérer ». Comme je
quittais l’édifice, je me rendis compte que j’étais plus en paix parce
que je savais que ce qu’il avait dit était vrai et que je récupérerais
la mienne. Ce que j’ignorais, c’était à quel point la tâche serait
difficile.

Cinq semaines après ma rencontre avec M. Farber,
j’avais complètement coupé les ponts avec le Heritage Front. J’étais
peut-être libre de corps mais pas d’esprit, et j’avais encore un long
chemin à parcourir avant de m’en remettre. J’étais soudainement
confrontée au fait que je n’avais aucune identité. Je n’avais aucune
idée de qui j’étais, d’où j’allais et de ce que je voulais faire de ma
vie. Je devais aussi faire face à la haine qui était toujours ancrée en
moi. Cela m’amena à une dépression et même à des idées suicidaires. À
plusieurs reprises, je me dis que tout était sans espoir, que je ne
m’en remettrais jamais et que je ne me sentirais plus aussi forte et
aussi sûre de moi que lorsque j’étais nazie. Je dus aussi affronter le
fait que je devais retourner à Toronto pour l’été en sachant que même
si j’y avais vécu pendant 19 de mes 22 années, je n’y avais plus un
seul ami. Un an plus tard, c’est toujours le cas et c’est peut-être le
sentiment d’être une étrangère dans ma propre ville qui me frustre le
plus de cette situation.

En dépit de tous ces aspects négatifs,
ma défection n’a pas eu que des conséquences néfastes. Après le stress
de mes examens finaux et de la publicité entourant mon cas, je me suis
rendu compte que je pouvais faire ce que je voulais. Je pouvais écouter
la musique que je désirais, porter les vêtements que je voulais,
regarder les émissions ou les films qui me plaisaient et décorer mon
appartement comme bon me semblait. J’ai rapidement pris goût à cette
nouvelle liberté. Pour la première fois, je me suis assise devant la
télé pour regarder Seinfeld et j’en ai retiré un plaisir fou ! J’ai
également pris des cours à Queen’s comme « L’Holocauste des Juifs
européens de 1933 à 1945 » et je me suis donné comme objectif de
préparer des projets sur les Autochtones et les activistes ?uvrant pour
les droits des femmes noires dans les cadre d’autres cours.

L’expérience
qui m’a fait réfléchir le plus depuis ma visite au monument
commémoratif de l’Holocauste s’est produite l’été suivant, lorsque j’ai
participé à une réunion familiale internationale du côté de ma mère.
Celle-ci est de descendance mennonite et plusieurs personnes présentes
à cette rencontre se réclamaient de l’Ancien Ordre (Old Order) et
portaient des vêtements religieux traditionnels. Nous étions assis tous
ensemble et discutions de l’histoire de nos ancêtres qui s’étaient
installés en Ontario. Une femme s’est alors levée et a expliqué qu’ils
étaient venus de Suisse, d’Allemagne et de Russie, entre le XVIe et le XIXe
siècle pour fuir les persécutions religieuses de l’État ou de certains
groupes, qui allaient jusqu’à la torture et au meurtre. C’est à ce
moment-là que j’ai pris conscience que la haine ne concerne pas juste
« l’autre », mais qu’elle influence chacun d’entre nous à quelque
moment que ce soit et pour toute raison que ce soit. Il est devenu
clair pour moi que nous sommes tous et toutes également humains et que
si une personne est victime de la haine, c’est chacun d’entre nous qui
en souffre.
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