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PostSubject: Fédération Anarchiste   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:30 pm

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PostSubject: Philosophie de la réforme   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:33 pm

Philosophie de la réforme
Romain Constant, printemps 2009

Gr Louise Michel


La réforme apparaît comme un leitmotiv de la politique actuelle. Le souci de réformer à tout prix cache cependant une vision critiquable de la société comme espace en mouvement perpétuel justifiant l’intervention de politiciens éclairés. Or, en plus d’être souvent passablement fallacieuse, cette vision autorise une intervention publique dont on peut dire qu’elle est aujourd’hui, en France, globalement guidée par une philosophie autoritaire qu’il faut vigoureusement dénoncer.

La réforme semble être devenue l’objectif premier, nécessaire et irremplaçable de notre société. C’est elle qui apparaît donner son élan au régime. Un peu comme une bicyclette tombe lorsqu’elle cesse d’avancer, les sociétés contemporaines s’écrouleraient si elles ne se réformaient pas, constamment et en profondeur. Mais la réforme et son mouvement permanent peuvent, sous bien des aspects, ne sembler que des justifications circonstanciées de l’action des pouvoirs publics. Sans la nécessité de lancer de nouvelles politiques, de modifier tel aspect institutionnel, de réorganiser tel service, quelle utilité trouver à ceux qui nous gouvernent ? Si tout allait pour le mieux, pourrait se demander le bon peuple, à quoi serviraient donc les dirigeants ? Il ne s’agit pas, bien sûr, de suggérer ici que l’organisation sociale est parfaite et que nos hommes politiques prônent le changement dans le seul but de justifier leur rôle et leur influence, mais il est nécessaire de montrer l’inanité de ce perpétuel changement qui, plutôt qu’à résoudre des problèmes, conduit à empiler les mesures nouvelles pour donner l’illusion de l’action et créer les conditions de la nécessité de futures réformes. Au delà du principe de la réforme en lui-même, c’est l’inspiration des différentes mesures tout autant que leur contenu qui est critiquable. A des degrés divers, et sous des atours différents, les réformes récentes de l’ère Sarkozy laissent en effet apparaître une même philosophie, qui se révèle aux antipodes de l’esprit libéral et démocratique officiellement mis en avant. Nicolas Sarkozy s’est souvent vu reprocher son ultralibéralisme, d’un point de vue économique au moins. Il s’agit pourtant d’un jugement partiel qui cerne mal les contours de ses convictions personnelles. Ses propos et son action depuis plusieurs années permettent désormais d’entrevoir quelles valeurs guident sa politique. Le récent épisode des milliards d’euros accordés aux banques et des discours enflammés contre un capitalisme financier basé sur la spéculation ou encore la décision de réintervenir dans l’économie pour contrer la crise sont des signes d’un libéralisme loin d’être orthodoxe. Certes, Sarkozy voue un culte aux entrepreneurs et est sans doute prêt à les combler de cadeaux, mais sa préférence va aux capitaines d’industrie type XIXème siècle qui ont bâti une fortune sur l’exploitation de ceux qui se lèvent tôt et non sur le boursicotage. Son capitalisme est moins purement libéral, au sens où il faudrait tout laisser faire et tout laisser passer, que traditionnel, centré sur le chef d’entreprise, modèle du despote éclairé qui mène son vaisseau vers la réussite dans la guerre économique. C’est l’initiative individuelle, l’effort et le travail qui servent de référent à notre grand timonier, pas l’argent facile qui se démultiplie à l’envi à travers les mécanismes complexes de la finance internationale. Et cette image du chef d’entreprise qui mène ses troupes à la réussite inspire nombre de réformes actuelles : loi sur l’autonomie des universités qui ne donne de liberté d’action qu’aux présidents mais surtout pas aux enseignants chercheurs, au personnel ou aux étudiants ; poursuite du mouvement visant à faire des directeurs d’hôpital de véritables managers publics chargés de résoudre l’équation des moyens insuffisants en période d’augmentation du coût des prestations de santé ; probable réforme prochaine des écoles primaires accordant aux directeurs un statut de président de conseil d’administration doté d’un pouvoir hiérarchique sur les enseignants et supposé gérer au mieux son établissement en fonction des ressources qui lui sont allouées... Derrière ces réformes, il y a la croyance en la nécessité de la hiérarchie et la volonté de doter un chef d’un pouvoir d’initiative et d’une autorité incontestables. On voit en quoi ce schéma ne fait que reproduire à différentes échelles et dans différents secteurs le modèle présidentiel actuel : on parle à raison d’"omniprésident" et de président omnipotent ; c’est ce type de gouvernance très centralisée et très autoritaire que Sarkozy aimerait voir reproduit autant que possible et tant que les potentats ainsi créés ne peuvent le concurrencer. La philosophie implicite est donc que les despotismes exercés par des hommes providentiels sont le remède à tous les maux, quel que soit le secteur et le propos. Et lorsque il apparaît plus difficile ou moins pertinent de régler le problème en confiant toute responsabilité à un chef quelconque, c’est toujours l’esprit d’autorité qui guide les réformes, quel que soit l’objectif officiellement mis en avant. En effet, lorsqu’il ne s’agit pas de désigner un chef, il s’agit souvent d’empêcher que celui-ci puisse être contredit ou autrement inquiété. On connaît la propension sarkozyste à réprimander et museler les ministres qui ne fileraient pas droit. On la retrouve dans son souci d’imposer au Parlement les mesures qui lui tiennent à coeur, ou qui vont dans le sens des intérêts de ses proches. La façon présidentielle d’annoncer durant les voeux de nouvelle année des lois que le législateur n’a plus qu’à entériner de gré ou de force est à cet égard particulièrement édifiante. La suppression de la pub plairait à notre ami Martin Bouygues ? Eh bien c’est comme si c’était fait. Mais n’oublions pas de profiter de la réforme pour un peu plus asseoir l’autorité du président en tant que sauveur suprême : n’aurait-il pas été possible de supprimer la publicité sur le service public de télévision sans imposer la nomination du président de France Télévisions par le pouvoir ? Dans des domaines variés, on voit ainsi le président et son gouvernement chercher à étendre un peu plus leur influence et à limiter voire museler, quand cela est possible, tout contre-pouvoir. Une des premières mesures a été de limiter le droit de grève en imposant le service minimum. Ainsi, on s’assure que les arrêts de travail deviendront sans effet dès lors qu’ils ne pénaliseront plus personne d’autre que les grévistes. Dans la recherche, on déstructure le CNRS et lui retire de plus en plus de crédits pour les affecter à une agence nationale pour la recherche pilotée pat l’Etat qui n’accorde des financements au recherches que sur des projets spécifiques et dûment approuvés par nos élites politiques ; on passe alors d’un système où l’on finançait des chercheurs en valorisant l’innovation à un système ou on supprime toute autonomie aux équipes qui ne peuvent plus que répondre aux commandes publiques. Et lorsque, tout récemment, on se propose de remédier aux éventuelles dérives liés au statut et compétences des juges d’instruction, on renforce d’autant les magistrats du parquet dépendants du ministère de la justice. Si un juge de l’instruction devrait s’assurer désormais du bon déroulement des enquêtes pénales, peut-on être sûr que le changement n’aboutira pas à rendre impossible, dans les faits, le surgissement des affaires politico-financières qui ont rendu célèbres par le passé la juge Eva Joly ou Renaud Van Ruymbeck ? Encore une fois, la réforme, présentée comme nécessaire, permet au président ou à l’Etat de réaffirmer son autorité, de limiter la contestation et l’autonomie de la société civile. D’un point de vue libertaire, il est peu dire que les réformes vont dans la mauvaise direction. Alors que partout il faudrait favoriser la gestion directe, permettre à chacun de prendre en main sa vie et son activité professionnelle, offrir à tous la possibilité de déconstruire et contester l’autorité, chaque nouvelle mesure va dans le sens d’un peu moins de liberté et d’autonomie, renforçant les hiérarchies et muselant les oppositions. Il est facile d’augmenter, par voie constitutionnelle, les pouvoirs du parlement, lorsqu’on sait que, sous la Vème république, celui-ci est toujours acquis au gouvernement. Donner plus de liberté d’expression à ceux qui nous sont soumis n’est qu’une illusion de démocratie. L’élection présidentielle de 2007 en France, comme celle de 2008 aux Etats-Unis, a clairement révélé une forme d’attente populaire d’un sauveur, un homme providentiel en mesure d’imposer ses solutions politiques. Ceci suggère le long chemin que doit encore parcourir la propagande anarchiste pour faire passer l’idée qu’abdiquer sa reponsabilité ne sera jamais une solution miracle, ni même une solution tout court. L’affirmation de l’autorité d’un seul au nom du bien de tous a très souvent au cours de l’histoire été à l’origine des pires régimes dictatoriaux. Il faut donc sans cesse dénoncer la philosophies des réformes et réaffirmer notre droit, qui est aussi un devoir, de gérer nous mêmes nos affaires, dans notre intérêt.

Romain Constant
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PostSubject: El Libertario prend la parole   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:35 pm

jeudi 30 juillet 2009



Le texte suivant est une synthèse de l’action et des positions de ce journal anarchiste vénézuélien. Il reprend en les réorganisant les principales réponses données lors de deux récentes interviews : une première publiée dans le journal catalan Solidaridad Obrera en janvier 2009 ; la seconde, réalisée en juin 2009 par le groupe anarchiste Star de Madrid.

Texte traduit du vénézuélien par Kléron et Alicia

– Qui êtes-vous ?

El Libertario est un journal que nous avons créé en 1995 (56 numéros à ce jour). Nous essayons de le concevoir comme une source d’information sur la théorie et la pratique anarchistes en Amérique latine et dans le monde, ainsi qu’un soutien pour tout ce que les mouvements sociaux locaux ont de libertaire. Nous ne recevons ni ne voulons recevoir aucune sorte de subvention de l’État ni d’aucune instance du pouvoir. Notre activité est à 200% autogérée. Le journal s’inspire de l’idéal anti-autoritaire de l’anarchisme et est soutenu par le Collectif d’Édition d’El Libertario, groupe affinitaire ouvert à la participation et la collaboration de personnes proches des idées et pratiques libertaires, dans une ambiance de respect mutuel et sans dogmatisme. Le critère central d’affinité implique que l’on partage l’idéal anarchiste, à savoir la volonté d’oeuvrer à la construction d’une société fondée sur la démocratie directe, la justice sociale, l’autogestion, l’entraide et la libre association sans que soient imposées la loi ni la force, entre autres valeurs. En parallèle de la diffusion de nos idées, nous essayons de participer au développement d’un mouvement libertaire dans notre pays, mais pour cela nous partons du principe que doivent préexister des mouvements sociaux de masse, autonomes et combatifs, comme condition nécessaire à l’expansion des idées et pratiques libertaires. Aussi avons-nous choisi de tisser des liens avec différentes organisations sociales de masse, de soutenir leurs luttes contre le pouvoir et l’autorité et pour les droits de la personne. De même, certain.es d’entre nous développent un travail d’investigation et de réflexion théorique. Nous nous efforçons aussi de promouvoir une culture autogestionnaire, à travers des expositions audiovisuelles et des débats par exemple, ou encore en organisant le premier Salon du Livre et de la Vidéo Libertaires, qui doit avoir lieu en novembre 2009 à Caracas. Enfin, et dans la mesure de nos possibilités et affinités, nous participons à des campagnes telles que celle lancée l’an dernier à l’occasion des 20 ans du massacre d’El Amparo (1). Pour plus de détails sur nous, nos idées, nos actions, voir notre site web www.nodo50.org/ellibertario et/ou les éditions du journal.

(1) El Amparo : nom du village vénézuélien, proche de la frontière colombienne, où a eu lieu en 1988 une énorme bavure militaire. Les forces de sécurité vénézuéliennes y assassinèrent 14 pêcheurs avant de se prétendre qu’il s’agissait de terroristes colombiens préparant des attentats sur le territoire vénézuélien.

– Quelle la position d’El Libertario par rapport à ce que l’on appelle la révolution bolivarienne ?

Nous pensons que ce qui arrive au Venezuela depuis 1999 résulte d’un pitoyable mélange de caudillisme éhonté et de capitalisme d’État, avec pour base l’abondance des revenus pétroliers. Notre analyse pointe le fait que le gouvernement bolivarien ne représente pas une rupture, mais au contraire la suite logique de la crise de la démocratie représentative au Venezuela et de son modèle économique fondé sur l’exploitation des ressources énergétiques. Il est vrai qu’on peut parler de « révolution » tant notre mode de vie s’est trouvé désarticulé à de nombreux niveaux, mais le système que nous voyons en train de se construire n’annonce rien de bon pour les exploité.es et les opprimé.es, et permettre sa pérennisation équivaut à rendre les choses plus difficiles à changer. Les transformations auxquelles nous aspirons en tant qu’anarchistes suivent un chemin bien différent de celui qu’a pris ce « processus », qui après plus de 10 ans à la barre se montre excessivement autoritaire, prompt aux alliances honteuses avec le capital transnational (en s’associant à des entreprises mixtes qui contrôlent les réserves pétrolières du pays), bureaucratiquement inefficace, structurellement infecté par la corruption, avec des orientations, des personnages et des actes que nous ne pouvons absolument pas cautionner.

Après avoir enquêté et réuni des preuves de ce que nous avancions, nous avons dénoncé le rôle joué dans la globalisation économique par le Venezuela, qui ne fait que fournir de manière sûre, économique et fiable les ressources énergétiques au marché mondial. Comme nul autre avant lui, ce gouvernement à la rhétorique nationaliste et gauchisante s’est montré des plus efficaces pour apprendre à la population à accepter sa soumission au commerce pétrolier mondial puis à remercier poliment pour les miettes reçues, alors que perdure une des répartitions des richesses les plus injustes du continent. C’est ainsi que les questions sociales et environnementales liées aux effets de l’exploitation des hydrocarbures et minéraux sont devenues des tabous politiquement incorrects. Le régime bolivarien a développé un appareil de propagande impressionnant pour vendre les soi-disant largesses de ses politiques sociales, mais les faits et la réalité concrète montrent bien que s’il y eu des progrès dans certains domaines et certains programmes gouvernementaux ponctuels – une bonne occasion pour l’État de revendiquer une prétendue légitimité dans le monde entier – la situation globale n’a vu aucune avancée significative. Pourtant, ces dix dernières années, le gouvernement a pu compter sur les revenus fiscaux et pétroliers les plus élevés de toute l’histoire du pays pour une période si courte, revenus qui sont allés engraisser la « bolibourgeoisie », i.e. la bourgeoisie bolivarienne élevée aux frais du pouvoir officiel. C’est tout cela que nous essayons de montrer dans notre publication, en nous efforçant de citer les sources et les données même du pouvoir officiel. Et pour illustrer l’aggravation de la crise chez celles et ceux « d’en bas » nous rappelons que le Venezuela détient un des plus forts taux d’homicides du continent, avec 14 000 victimes en 2008. Ceci en dit long sur l’extension du climat de violence qui reflète la désintégration de cette société, tendance qui se serait inversée, ou aurait du moins été contenue, si l’on avait expérimenté une forme de changement offrant de réels bénéfices pour la population.
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PostSubject: el Libertario prend la parole   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:36 pm

– Le chavisme appelle à l’unité progressiste pour faire face au putschisme de l’oligarchie et à l’impérialisme. Que se passera-t-il s’il se crée, à cette occasion, une alliance stratégique et plus tard, une fois ces adversaires défaits, pourquoi ne pas tenter une révolution anarchiste ?

Pour ceux qui les intègrent, les alliances stratégiques servent à prendre le contrôle de l’État, alors que nous autres anarchistes cherchons plutôt à dissoudre l’État, avec la participation de toutes et tous. La défaite de ce que d’aucuns appellent la réaction et l’oligarchie (des termes qui sentent fort la propagande) ne servirait qu’à consolider le pouvoir des vainqueurs, lesquels formeraient une nouvelle oligarchie parce que ce c’est ainsi que le veut la logique du pouvoir d’État, comme cela s’est passé en URSS, en Chine ou à Cuba. Ceci rendrait difficile la révolution anarchiste et l’Espagne de 1936 en est d’ailleurs une illustration. De plus, il est inexact de définir le projet chaviste comme une opposition au putschisme, alors même que son ambition première a été de commettre un coup d’État militaire. Quant à la soi-disant bataille contre l’impérialisme, il suffit de jeter un oeil sur les politiques qu’ils envisagent et appliquent dans les domaines du pétrole, des mines, de l’agriculture, de l’industrie, ou dans le domaine du travail, etc., pour s’apercevoir qu’ils ne cherchent qu’à être les laquais de l’Empire et non ses ennemis (pour plus de détails sur les liens stratégiques entre le capital transnational et les intérêts impérialistes, voir les différents articles parus dans El Libertario).
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PostSubject: el Libertario prend la parole   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:36 pm

- Le gouvernement vénézuélien déclare qu’il a rendu possible une explosion du pouvoir populaire, grâce à l’implantation massive et le transfert de pouvoir aux Conseils municipaux, aux organisations communautaires et horizontales de participation populaire. Les anarchistes soutiennent-ils ces structures de base ?

Tout dans l’instauration et le mode de fonctionnement des Conseils municipaux montre que leur existence et leur capacité d’action dépendent de leur loyauté à l’appareil gouvernemental, lequel assure ses arrières en laissant au Président la faculté juridique de donner ou non son aval aux dites organisations, entre autres mécanismes qui garantissent le contrôle officiel et sont relayés dans la législation correspondante. Tout ceci n’est pas une nouveauté au Venezuela, où d’innombrables groupements de base (syndicats en tête) ont toujours ressemblé aux tramways, alimentés par le haut. Certes, des tentatives d’organisation « de bas en haut » existent dans les quartiers, les milieux ouvriers, paysans, indigènes, écologistes, étudiants, culturels, etc., et sont loin de s’attirer la sympathie de l’officialisme. Selon nous, la soumission légale, fonctionnelle et financière des Conseils communaux au pouvoir de l’État est un sérieux obstacle à l’impulsion d’un mouvement autonome en leur sein. Et ceci vaut pour les Conseils de Travailleurs dans les entreprises, qui constituent eux aussi un bon moyen de fermer la porte à toute velléité de syndicalisme indépendant.

- Pourquoi les anarchistes critiquent-ils les Forces armées vénézuéliennes – qui clament haut et fort leurs racines populaires et nationalistes – et leur capacité à faire vivre un projet révolutionnaire ?

N’importe quelle armée moderne recrute le gros de ses troupes dans les classes populaires. Ceci dit, malgré l’origine sociale de la majorité des recrues, la raison d’être de l’armée est la défense d’une structure de pouvoir et de ses détenteurs, c’est pourquoi elle ne pourra jamais soutenir une révolution en faveur des opprimés. Au mieux, elle peut remplacer un personnage par un autre et changer quelques-unes des règles de la structure de pouvoir, mais certainement pas éliminer cette structure, puisque par essence elle prône l’ordre et l’obéissance. Voilà pourquoi nous ne soutenons aucune armée, ni aucune police, ni aucun de ces privilégiés qui pour protéger leurs prérogatives n’hésitent pas à utiliser la force et les armes contre d’autres personnes. Quant au nationalisme, ce n’est pas une position que l’anarchisme approuve, parce qu’il implique que l’on s’en tienne aux intérêts de certaines personnes, enfermées artificiellement par un État dans un territoire-nation et présumées différentes et supérieures aux autres. Nous sommes ennemi.es de tout type de privilèges, qu’ils proviennent de la naissance, de la race, de la culture, de la religion ou de l’origine géographique. Et nous tenons à ajouter, avec toute l’expérience que nous confère la vie quotidienne au Venezuela, que de nombreux exemples prouvent que la place énorme et privilégiée qu’occupent aujourd’hui les militaires dans le fonctionnement de la bureaucratie officielle n’a fait qu’accroître la corruption, l’inefficacité et l’ignorance qui étaient généralement déjà la norme dans l’appareil d’État vénézuélien.

— Le mouvement d’opposition à l´officialisme est-il aussi homogène que ses défenseurs le prétendent ? Y a-t-il des tendances différentes en lutte contre le gouvernement ? Quelle est la relation entre ces tendances ?

Incontestablement, en qualifiant en bloc l´opposition de « droite terroriste, laquais de l´impérialisme et contrôlée par la CIA », la propagande chaviste est fausse et calculatrice : bien qu´il y existe une frange de l’opposition proche de cette image, la situation est beaucoup plus hétérogène. L’opposition est fondée sur le modèle politique dominant avant 1999, avec des partis vieux et affaiblis comme AD (Acción Democrática, parti social-démocrate proche du PSOE espagnol) et le COPEI (Comité de Organización Política Electoral Independiente, parti démocrate-chrétien proche du PP), ainsi que d´autres formations idéologiques qui suivent la même ligne. On peut aussi y trouver des anciens partisans du gouvernement actuel – tels que les partis MAS (Movimiento al Socialismo) et PODEMOS (Por la Democracia Social) – dont la rupture avec le chavisme est liée à des ambitions bureaucratiques et de pouvoir insatisfaites plutôt qu´à de réels conflits politiques et idéologiques. Cette opposition socio-démocrate et de droite prétend se présenter – de même que le chavisme de son côté – comme la seule alternative possible, et circonscrire les problèmes du pays à la sphère politique électorale, car son seul intérêt est de s’emparer du pouvoir pour gérer à son gré les revenus pétroliers. Sa stratégie de propagande s’est avérée très efficace pour attirer les initiatives des citoyens de base sous son leadership : elle a su se vendre comme « le moindre mal » face à la menace autoritaire du gouvernement. En outre, il existe une partie de la population identifiée comme « ni-ni », car elle n´est d´accord ni avec le gouvernement, ni avec cette opposition. Ce groupe représente la minorité la plus importante du pays dans les sondages électoraux. Résultat : toutes les stratégies électorales visent à séduire les « ni-ni » au moyen d´une des offres concurrentes. Leur existence même prouve que malgré le choc annoncé entre bourgeois, le pays n´est pas divisé mécaniquement entre pro et anti-chavistes. Jamais El Libertario ne s´est défini comme une initiative « antichaviste ». D’ailleurs, nous dénonçons depuis 2002 la construction d´une fausse polarisation dans le but de saper l´autonomie des mouvements de base et de détourner leur dynamique de mobilisation à des fins électorales. El Libertario fait partie d’une constellation de groupes et d´organisations de la gauche anticapitaliste, encore dispersés et peu coordonnés, qui dénoncent avec la même intensité le gouvernement du président Chávez et ses concurrents de l’opposition médiatique. Mais, comme on s’en doute, l’existence de ces formes de contestation est dédaignée par ceux qui ont intérêt à ce que soit uniquement perçue l´existence de deux adversaires. Ces deux ou trois dernières années, on commence à reconnaître les signes de l’existence d´une autre alternative, qui lutte avec la base pour rompre avec l´électoralisme : petit à petit, l´expression des conflits sociaux fait entrevoir aux travailleuses/travailleurs, aux aborigènes, aux paysan.nes, aux étudiant.es, aux victimes de la violence institutionnelle et de la criminalité, aux sans-abri, etc. que la solution à leurs problèmes ne viendra pas de la bataille pour le pouvoir institutionnel, de même qu’elle n’est pas venue d’une décennie de soi-disant révolution, ni de 40 années de trompeuse démocratie représentative.

- Est-ce que les anarchistes vénézuéliens sont des « escuálidos » (des traîne-misère, surnom par lequel le chavisme fait allusion à ses opposants) et, par conséquent, soutiennent-ils l´opposition social-démocrate et de la droite ?

« Escuálido » est une dénomination purement médiatique, utilisée dans les milieux politiques officiels et si elle a des airs de slogan, elle ne sert qu’à exprimer le mépris. En tout cas, si le but est de désigner celles et ceux qui ne veulent pas renoncer à la liberté ni à l¨autonomie pour se soumettre au diktat autoritaire d´une personne, d’un parti, d’une idéologie, alors oui, nous sommes des escuálidos. Par contre, si l’on entend par là que nous soutenons des courants identifiés au libéralisme économique, avec tout ce que ça implique – un mépris quasi-raciste de l´élite envers les masses, l’escroquerie de la démocratie représentative ou le retour à des formes d´organisation sociopolitiques dépassées par l´Histoire – alors non, nous ne le sommes pas. Nous condamnons le régime de Chávez et ses opposants électoraux. Il peut nous arriver d’être en accord avec certaines actions et déclarations des uns et des autres, mais fondamentalement, nous condamnons la plupart de leurs actes et de leurs discours. Nous rejetons la frustration des espoirs des gens qui ont soutenu Chavez, mais nous refusons aussi de valider les manoeuvres de la bande de politiciens opportunistes qui servent d´opposition institutionnelle. Et surtout, pour des raisons de principes, nous ne pouvons pas soutenir quiconque conditionne la recherche d´une vie meilleure à la subordination des individu.es à la hiérarchie de l´État, tel que le prétendent les deux cliques.

-Quelles sont les initiatives et revendications portées par les libertaires vénézuélien.nes ?

Le mouvement anarchiste local est jeune, ses débuts correspondent pratiquement à ceux de la publication d’El Libertario. Par conséquent, au cours de ces années, nous avons dû faire face à l´autoritarisme du gouvernement et des partis d’opposition, puisque leurs projets sont à 1 000 lieues des nôtres. Nous avons été confrontés à d’énormes obstacles tant pour nous faire reconnaître comme alternative possible que pour nous implanter concrètement dans les luttes sociales, mais notre ténacité a fini par porter ses fruits. El Libertario en témoigne régulièrement, dans les plus récentes éditions notamment (beaucoup sont disponibles sur notre site internet), où l´on peut voir comment s’ouvrent de nouveaux espaces permettant de créer des liens prometteurs entre le militantisme anarchiste et les expressions les plus dynamiques de la mobilisation sociale actuelle au Venezuela. Nous cherchons à établir des ponts avec les conflits et revendications collectifs les plus sensibles, tout en encourageant l´autonomie des mouvements sociaux et en les accompagnant dans leur évolution. Aussi avons-nous développé des affinités et des projets avec différents mouvements et initiatives de masse et avec des groupes anticapitalistes, parmi lesquels le Comité des victimes contre l´impunité de Lara, la Maison de la femme « Juana la avanzadora », le groupe d´études « Peuple et conscience » de Maracay, l´Union Socialiste de Gauche et la tendance syndicale CCURA (Courant Classiste, Unitaire, Révolutionnaire et Autonome), le groupe Troisième voie de l´ex-guérillero Douglas Bravo, un certain nombre de syndicats du secteur public de la santé, des organisations de droits humains, des initiatives de jeunes et des groupes écologistes.

- Existe-t-il des tendances dans le mouvement libertaire vénézuélien ?

Le mouvement anarchiste au Venezuela est encore trop petit et trop jeune pour parler de tendances en termes qui puissent être compris en Europe. Ce qui est certain, c’est que les militant.es ont des objectifs d´action et des pensées variées, mais cela ne suffit pas à établir une différentiation pour séparer les un.es des autres. En outre, le fait même de développer une activité libertaire là où récemment il n´en existait pas et dans les circonstances que nous avons décrites a plutôt motivé le peu d’anarchistes que nous sommes à rester uni.es.
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PostSubject: el Libertario prend la parole   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:37 pm

D’aucuns ont voulu présenter – en particulier pour l´extérieur- une division parmi les anarchistes locaux, à savoir d´un côté des « anarcho-chavistes » ou « anarchistes bolivariens », qui considèrent que le processus révolutionnaire actuel est source d’avancées pour la cause libertaire, et de l´autre des « anarcho-libéraux » ou « anarcho-dogmatiques », c´est-à-dire nous, qui ne reconnaissons pas ces avancées, de sorte qu’en nous opposant au gouvernement progressiste, nous jouons le jeu de l´impérialisme et de la droite. Et voilà comment on déforme d’une façon grotesque et calculatrice ce que nous disons à El Libertario. De toute évidence, une telle imposture à propos du Venezuela et des anarchistes locaux ne peut se fonder que sur l´ignorance, l’aveuglement, la mauvaise foi et la provocation. Il y a des gens qui à un certain moment ont été ou se sont estimés anarchistes, mais qui à présent se cachent derrière la soi-disant exception historique du cas vénézuélien pour renier ou dénaturer les principes libertaires de base, l´anti-autoritarisme et l´autogestion de l´idéal anarchiste. De fait, même si ces gens-là continuent à se présenter comme des anarchistes, il est évident qu´ils ne le sont plus. D’un autre côté, comme par hasard, la plupart de ces personnes sont fonctionnaires de l´État ou touchent des subventions publiques pour leur activité, ce qui fait douter de la solidité de leurs convictions libertaires. Pour nous qui avons fait un bilan des expériences similaires sur le continent, il est évident que l’on répète, à quelques excentricités près, ce qui s´est passé dans le Cuba de Castro ou l’Argentine de Perón, où le Pouvoir a essayé d’acheter et de diviser le mouvement anarchiste.

En tout cas, n’importe quel.le anarchiste au monde, pour peu qu’il/elle réfléchisse un peu, en restant cohérent avec l´idéal que nous défendons et avec un minimum d´information sur le cas du Venezuela, se rendra compte de l´absolue incongruité qu’il y a à se déclarer anarcho-chaviste ou anarcho-bolivarien, car c´est une contradiction aussi évidente que celle de se proclamer « anarcho-étatiste ». De plus, nous vous invitons à prendre connaissance non seulement des positions d’El Libertario, mais aussi de toutes les initiatives anticapitalistes qui dénoncent le chavisme pour son autoritarisme et son favoritisme envers les secteurs les plus agressifs de l´économie mondiale. Bien sûr, le mieux est encore de visiter le Venezuela pour découvrir la réalité qui se cache derrière le spectacle pseudo-révolutionnaire bolivarien.

- Ne risque-t-on pas, en décrivant ainsi ces défenseurs du régime chaviste, de tomber dans des accusations indignes de l´esprit antidogmatique de l´anarchisme ?

L´anarchisme n´est ni un état d´esprit ni une humeur. C´est une façon d´affronter les événements sociaux en cherchant le bien-être de chacun.e au sein du bien-être de toutes et tous, au moyen de propositions faites par des personnes réelles et discutées, adoptées ou refusées par les autres dans des circonstances spatio-temporelles déterminées. N’importe qui peut s´autoproclamer anarchiste, mais c’est l´interaction mutuelle avec les autres anarchistes qui nous situe et détermine si oui ou non nous appartenons au mouvement anarchiste, d´après nos pratiques et nos idées. Comme nous ne sommes pas parfait.e.s, il peut nous arriver d’adopter des conduites ou défendre des idées que le groupe n´accepte pas. Cela ne nous rend ni meilleur.es ni pires, même si parfois la divergence est telle qu’elle devient insurmontable pour les autres et qu’ils/elles ne nous reconnaissent plus comme des leurs.

– Avez-vous des relations avec d’autres anarchistes en Amérique latine et dans le reste du monde ?

Nous avons toujours été attentifs à élargir au maximum le contact avec les anarchistes hors Venezuela, en particulier avec nos compagnes et compagnons ibéro-américain.es. D’abord parce que notre expérience est plus récente et que nous voulons nous nourrir des itinéraires anarchistes passés et présents dans d’autres contextes ; mais aussi parce que nous aspirons à partager notre démarche, nos doutes et nos certitudes, nos succès et nos gaffes, et que pour cet échange, personne n’est mieux placé que les compagnes et compagnons ! Concrètement, on peut percevoir ce lien à travers la diffusion de notre publication, qui nous pousse vers l’avant et dont nous sommes fier.es de dire c’est le journal anarchiste latino-américain le plus largement distribué sur le continent : les 2 000 à 2 500 exemplaires de chaque édition ne touchent pas seulement le Venezuela mais sont régulièrement diffusés dans une douzaine d’autres pays au moins. Un autre fait significatif : notre site internet comptabilise plus de 160 000 visites, avec une moyenne journalière de 50 à 80 consultations. Si l’on ajoute enfin la multitude de liens personnels directs avec des libertaires de la planète entière, on voit que tout cela se traduit par un flux continu de relations et d’échanges avec le mouvement anarchiste international, ce qui est pour nous une source constante de défis et de satisfactions. – Quelle est la réaction du gouvernement face à des groupes et individu.es anarchistes qu’il ne parvient pas à contrôler ?

Même s’il n’existe pas encore de répression spécifique contre l’anarchisme, l’État vénézuélien cherche à contrôler et soumettre tout signe de dissidence radicale susceptible de remettre en question et de combattre les bases de l’actuel système de domination politique et économique. Cette politique n’est en rien différente de celles que peuvent mettre en place d’autres États dans le reste du monde, si ce n’est que le gouvernement vénézuélien avance masqué derrière une phraséologie de révolution, de socialisme et de pouvoir populaire. Par conséquent, dans la mesure où nous autres anarchistes sommes engagé.es dans les luttes sociales et encourageons leur développement autonome face au gouvernement autoritaire, nous sommes la cible de la même vague répressive qui s’abat aujourd’hui sur les mouvements populaires, parce que nous refusons d’accepter que seule la volonté du Commandant Chavez peut nous sauver. À ce propos, il est important de décrire la politique de criminalisation et de répression de la contestation sociale menée par le gouvernement actuel. En 2002 et 2004, fort de l’excuse du coup d’État, le gouvernement a modifié plusieurs lois comme le Code pénal et la Loi organique de Sûreté de la Nation, pour pénaliser le blocage de rues et l’organisation de grèves dans les entreprises dites de base (production d’énergie, etc.). Ce qu’on nous a vendu comme une « répression des putschistes » se retourne maintenant contre les communautés qui se mobilisent pour leurs droits. Selon des chiffres révélés par les syndicats, le mouvement paysan et les organisations pour les droits humains, il y a actuellement environ 1 200 personnes soumises au contrôle judiciaire pour avoir participé à des manifestations. D’un autre côté, le gouvernement n’a pas besoin d’organiser, en première instance, une répression directe contre les manifestations, car il dispose d’organisations paragouvernementales chargées, sous l’appellation de « pouvoir populaire », du harcèlement psychologique et de la rétention physique des contestataires au prétexte de « neutraliser le sabotage de la révolution », ce qui n’est pas sans rappeler les stratégies militaires utilisées dans d’autres pays. Si les manifestations continuent et se popularisent, alors l’État fait appel à la police et à l’armée, avec les résultats que l’on connaît dans le monde entier : une répression violente qui se solde tragiquement par des morts et des blessés. C’est ainsi par exemple que le 20 mars 2009 ils ont assassiné José Gregorio Hernández, un sans-abri, lors d’une expulsion dans l’état d’Anzoategui ou encore que le 30 avril 2009 ils ont abattu un étudiant, Yusban Ortega, à Mérida, pour ne citer que les cas les plus récents. Dans ce contexte, il s’agit pour le gouvernement de qualifier toute expression de la grogne sociale de « contre-révolutionnaire, soutenue par la CIA et l’impérialisme », stratégie qui, si elle s’est montrée très efficace par le passé, a désormais perdu de son efficacité : le citoyen ordinaire, surmontant sa peur, se décide à manifester pour améliorer ses conditions de vie.
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PostSubject: el Libertario prend la parole   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:37 pm

- El Libertario a publié récemment plusieurs articles pour dénoncer la répression des syndicats par le gouvernement. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le cas des ouvriers de Mitsubishi assassinés fin janvier 2009 par la police « socialiste et bolivarienne » du gouverneur chaviste dans l’état d’Anzoátegui, ou celui des trois syndicalistes massacrés dans l’état d’Aragua le 27 novembre 2008 dans des circonstances plutôt douteuses, sont présentés par la propagande gouvernementale – de même que d’autres exemples de répression – comme une exception indépendante de la volonté de l’État, ou comme la conséquence de provocations et/ou d’infiltrations visant à ternir l’image officielle. Mais, dans El Libertario, nous avons montré en détail qu’il s’agit en fait de l’application d’une politique dans laquelle s’est compromis l’actuel gouvernement vénézuélien – fidèle à ses origines putschistes et à l’orientation idéologique qu’il a été chercher dans la dictature des Castro à Cuba – politique qui, sous des allures de socialisme du XXIème siècle, cherche à imposer à la société un modèle de contrôle autoritaire, tant par le bâton que la carotte, ce qu’il fait en accord et avec la bénédiction de ses commanditaires du capital transnational. Aujourd’hui, avec la crise économique du capital global, les moyens de contrôle par la carotte se raréfient, même au Venezuela et malgré la richesse pétrolière, ce qui fait que rapidement tombe sur les opprimé.es « le bâton du peuple » que prédisait Bakounine comme inévitable recours de ces autoritaires qui se réclament de la gauche. Quant à la question précédente, nous rappelons la situation des « 14 de Sidor », un groupe de travailleurs qui, dans le cadre du contrôle judiciaire, sont jugés pour « appropriation indue qualifiée et atteinte à la liberté de travail » pour avoir protesté contre leurs conditions de travail, ce qui pourrait leur valoir une peine de 5 à 10 ans de prison. Pour plus d’informations, voir : http://www.nodo50.org/ellibertario/descargas/solidaridad_camila.doc. Sur ce point, il faut savoir que le gouvernement a essayé de construire artificiellement des centrales syndicales contrôlées par le parti au pouvoir, le PSUV (Partido Socialista Unido de Venezuela). Cette manoeuvre a aggravé la crise historique dans le secteur et renforcé la présence des « sindicaleros » (syndicalistes jaunes) qui vendent les droits des travailleurs aux patrons. Il y a de plus des bagarres entre syndicats pour la répartition des postes de travail, une « victoire » dans l’industrie pétrolière et le bâtiment, secteurs dans lesquels les syndicats contrôlent une grande partie des affectations des salariés. S’il est vrai que cette situation est antérieure au gouvernement Chávez, elle n’en est pas moins devenue dramatique du fait de la dégradation actuelle du syndicalisme – applaudie par le pouvoir – et c’est ainsi qu’en 2007, pas moins de 48 personnes, en majorité des syndicalistes, ont été assassinées lors de conflits liés à l’obtention d’emplois, chiffre qui est de 29 pour 2008. D’autre part, les déclarations présidentielles attaquant les organisations syndicales sont de notoriété publique, de même que les pressions sur les fonctionnaires pour les faire adhérer au PSUV et participer « volontairement » à des manifestations progouvernementales. Il est incroyable que le licenciement de personnes qui n’adhéraient pas à la vision politique officielle trouve une justification auprès de gens qui se disent « révolutionnaires ». Souvenez-vous de la publication du recensement des électeurs de l’opposition, la « Liste de Tascón » (en l’honneur du député qui l’a rendue publique), qui a servi à la discrimination systématique de quiconque se déclarait adversaire du gouvernement. La propagande officielle se vante d’offrir aux salariés vénézuéliens le salaire minimum le plus élevé du continent, mais elle oublie de dire que 18% de ces travailleurs gagnent moins du salaire minimum, et que 50% d’entre eux perçoivent entre un et moins de deux salaires minimums, dans un pays où l’inflation est la plus élevée du continent. Malgré cela, nous voyons aujourd’hui avec beaucoup d’espoir comment les travailleurs et travailleuses de différents secteurs se débarrassent de la peur d’être criminalisé.es et sortent dans la rue pour gagner leurs droits par la lutte.

– Selon certaines critiques, l’anarchisme donne des leçons mais n’apporte rien de constructif. Quelles sont les propositions d’El Libertario pour transformer positivement la réalité vénézuélienne ?

Notre lutte n’est liée ni à la conjoncture ni aux circonstances. Elle va dans le sens d’un nouveau mode de vie collective et individuelle, dans lequel l’action directe et l’autogestion nous amèneront à nous réapproprier notre existence, avec sincérité et honnêteté, en nous élevant par l’étude et le contact des autres, en reconnaissant que la liberté d’autrui étend la nôtre, en respectant l’égalité car les différences ne créent pas la supériorité, en gardant toujours à l’esprit que ce sont les autres qui rendent notre vie possible et que nous devons servir leurs intérêts en priorité pour pouvoir ainsi atteindre nos propres buts, buts auxquels il ne faut jamais renoncer si l’on aspire à vivre pleinement. Chacun.e vit sa vie et en est responsable devant elle/lui-même et devant les autres, mais le salut ne peut venir que de nous-mêmes. Nous n’avons pas de recette miracle : les propositions et actions révolutionnaires doivent résulter d’un effort collectif conscient et constant, auquel nous essayons d’apporter notre participation passionnée, en soutenant les mouvements sociaux dans leurs tentatives de réappropriation de l’autonomie, parce que cela créera l’espace nécessaire au développement et à l’influence des idées anarchistes de liberté et d’égalité dans la solidarité.

- Quelque chose à ajouter ?

Pour nous contacter, nous avons deux adresses :

ellibertario@nodo50.org et ellibertario@hotmail.com. De plus, nous invitons à nouveau les intéressé.es à visiter notre site à l’adresse www.nodo50.org/ellibertario. Nous vous remercions de l’opportunité que vous nous donnez de propager nos idées, car si nous sommes impliqué.es dans l’action autonome des opprimé.es et exploité.es au Venezuela, nous voulons aussi faire connaître leurs luttes sans les conditionner aux intérêts de pouvoir de l’État et du Capital. Nous appelons enfin celles et ceux qui liront cette interview à collaborer, s’ils/elles le souhaitent, à l’organisation du premier Salon du Livre et de la Vidéo Libertaires à Caracas : ils/elles peuvent nous contacter à l’adresse feriaa.caracas2009@gmail.com. Salud y Anarquía à toutes et tous !

[Vous trouverez d´autres textes en français dans la section “other languages” de www.nodo50.org/ellibertario]
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PostSubject: Analyse de la crise en Espagne par la FA Ibérique   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:42 pm

Analyse de la crise en Espagne par la FA Ibérique
Le mardi 28 juillet 2009
Ni le G20, ni le G8, ni aucun forum ne pourront résoudre le problème de la crise. Nous traversons une des pires crises économiques, mais ce n’est pas nouveau que le monde soit en crise. Les guerres, les famines, on connaît. La seule nouveauté réside dans le fait que la crise touche les pays les plus riches. Il ne s’agit pas juste d’une crise économique, il s’agit d’une crise du système.

Cette crise a débutée dans le secteur bancaire mais ses causes sont bien plus profondes, en réalité les économies des états capitalistes vivent à crédit depuis 30 ans. Les entreprises s’endettent au delà de leurs possibilités, les Etats s’endettent également au dessus de leur possibilités, pour affronter les guerres, pour augmenter leur cercle d’influences ... et ils ont systématiquement poussé le citoyen à s’endetter, la seule façon de maintenir, artificiellement, la croissance économique.

La cause de la présente crise est très claire, l’avarice des capitalistes, vouloir tout monopoliser sans aucun contrôle, l’augmentation de la valeur des choses au-dessus de leur valeur réelle, négocier avec ce qui n’a pas encore été produit. Nous subissons les conséquences de tout cela à travers le chômage, le terrorisme patronal avec les « accidents du travail », les licenciements en masse des travailleurs tout en faisant le même boulot avec moins de personnel, des diminutions de salaires, des nouvelles clauses de contrat de plus en plus précaires, le manque de mouvement monétaire ; nous sommes les premiers sinistrés.

L’histoire nous raconte que le capitalisme est passé d’une crise à une autre, et qu’une bonne guerre lui a permis de s’en sortir (en éliminant ses rivaux, entreprises et infrastructures, ce qui lui a redonné un élan économique). En réalité, les crises sont des périodes que les plus grands mettent à profit pour éliminer ou absorber les plus faibles. De cette façon la crise renforce la concentration du capital dans les mains d’un petit nombre de multinationales. Quelles en seront les conséquences ? Ces super-groupes auront de plus en plus de pouvoir pour éliminer ou appauvrir la main d’oeuvre et devenir ainsi un adversaire plus puissant. Nous nous retrouvons à nouveau au point de départ.

Les gouvernements nous bassinent pour trouver une solution sur les bases éthiques du capitalisme, mais ce n’est pas possible vu que le capitalisme s’appuit sur trois principes :

1- La propriété privée des moyens de production et de financement. Ce ne sont pas les personnes qui décident mais les multinationales.

2- La compétitivité : gagner la guerre économique, c’est-à-dire, éliminer la concurrence.

3- Le profit maximun : il ne suffit pas pour gagner cette bataille d’avoir des bénéfices raisonnables, il faut un taux de bénéfices qui permette de se distancer des entreprises de la concurrence. Le capitalisme n’est autre chose que la loi de la jungle.

Où se trouve l’éthique ?

Les Etats permettent aux entreprises de garder leurs gains (même si les entreprises réalisent des bénéfices records, les travailleurs, eux, auront toujours un salaire fixe et indexé) et lorsque celles-ci n’ont pas gagnées tout ce qu’elles escomptaient, elles socialisent les pertes et renflouent leurs caisses grâce au trésor public (l’argent du travailleur) pour redorer les économies des entreprises ... en résumé : elles empochent notre argent. Elles nous volent une deuxième fois (1° en ne nous payant pas ce qui nous revient, ni en redistribuant les bénéfices et 2° en enpochant l’argent de l’épargne publique des travailleurs, qui au lieu d’être investie dans la santé, l’éducation, les transports ... passe, sans notre consentement, à l’usage et à la jouissance des riches.

L’économie espagnole est entrée en récession. Le PIB est en chiffres rouges. Ce qui se traduit par un manque de création de richesses.

Nous avons traversé plus d’une décennie de « prospérité » économique, et les indices de croissance ont beaucoup augmentés (les travailleurs n’en n’ont pas vu un seul centime). Jusqu’au point où le gouvernement espagnol prétendit adhérer au groupe des pays les plus riches du monde.
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PostSubject: analyse de la crise en Espagne par la FA Ibérique   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:42 pm

On nous a toujours dit que l’effort de production que fournissent les travailleurs seraient pris en compte dans le cadre de la société, pour leur permettre d’atteindre un « Etat de Bien-Etre », où tous les besoins et désirs seraient couverts. Au contraire, les droits fondamentaux garanties par la Constitution, comme le sont par exemple, le logement et le travail, ne sont que lettre morte, puisque pour accéder à un logement il nous faut hypothéquer notre capacité productive de 20, 30% ou davantage, certains n’ayant même pas de marge de crédit à cause de l’augmentation sans précédent des prix. Concernant le travail : les taux de chômage sont une honte. Tous les gouvernements qui se sont succédés ont été incapables de freiner le chômage ; au contraire chaque réforme du travail (même si c’étaient des périodes de prospérité) a amené une diminution des droits des travailleurs et donc davantage de précarité et d’instabilité, jusqu’au point où l’on ne peut même pas consommer les produits que nous fabriquons nous mêmes.

Les banques et les institutions financières vivent de notre capacité à nous endetter (applicant des intérêts d’usure) et le peu d’économies que nous avons sont très peu rémunérées, ils appliquent de fortes commissions, nous donnent des informations complexes et ambigues que même l’économiste le plus intelligent ne sait traduire. On apprend chaque semaine un nouveau cas d’abus ou de duperie concernant l’épargne des familles, ces dernières sont l’objet de commercialisation de produits financiers frauduleux où se cachent bien des astérix et de petites lettres, vu qu’il n’y a aucune transparence, ni contrôle des institutions, et qu’il n’existe aucune loi de protection des épargnants. Le résultat de tout ça est la non résolution des fraudes à l’épargne en Espagne, comme :

Les agences de valeurs AVA (1998), Investahorro (1999), Gescartera (2001), Terra (2003), RuralCaja (2004) continuent à ne pas trouver de solution a leur périple judiciaire après tant d’années, et les scandales continuent :

Forum, Afinsa y Arte y Naturaleza : des entreprises qui ont saisi des centaines de millions d’euros d’épargne a beaucoup d’Espagnols.

Martinsa-Fadesa : a laissé sur le carreau 234 travailleurs car elle assure ne plus avoir de liquidités, alors que son PDG, Fernando Martìn, possède une fortune estimée à quelques milliers de millions d’euros. Beaucoup de familles restent sans logement et sans argent en raison de cette suspension de paiements. Las Comunidades Autònomas avaient toléré le manquement à l’obligation de l’entreprise d’avoir une assurance ou caution , qui apporte les garanties nécessaires aux consommateurs, pour qu’ils puissent récupérer les sommes payées ; ils doivent maintenant confronter leurs responsabilités à la réalité et apporter une solution juste et efficace.

Lehman Brothers : plus de 20 banques et caisses d’épargnes ont vendu des produits de cette compagnie de façon frauduleuse, indiscriminée et sans information.

Fondo Santander Banif Inmobiliario : la funeste gestion de la banque Santander et l’inertie du Control Nacional del Mercado de Valores (Organisme de contrôle nacional du marché des valeurs) ont fait que 50.000 familles payent de leur économies l’effondrement de la bulle immobilière.

Le capital de la finance s’alimente de l’abus à travers la publicité mensongère, « fonds garantis », « tarifs préférentiels » sans expliquer de façon claire et simple à quel type d’opérations le client est en train d’accéder et les risques qu’il encourt.

Comment pouvons-nous nous défendre de tout cela, lorsque tout dans ce système est organisé pour un meilleur bénéfice des capitalistes, jamais rassassiés. Ils disposent de syndicats jaunes qui sont financés par l’Etat, devenant à leur tour des entreprises spéculatrices (les professionnels du syndicalisme) qui ne mordront jamais la main de leur maître et qui empocheront les subventions. A travers les comités d’entreprise, les syndicats marchandent avec nous en nous utilisant comme monnaie d’échange pour obtenir pouvoir, influence et argent. Et cette tradition se poursuit avec n’importe quel gouvernement, car dans ces conditions, parler de gauche ou de droite devient superflu. Où commence et où finit le pouvoir que t’octroie le fait d’être à la tête d’un Etat ?

LE POUVOIR EST UNE CORRUPTION, c’est pour cela que les états et leurs gouvernements essayent de contrôler, réduire ou éliminer la dissidence. Ils veulent en finir avec tout le tissu associatif qui fait en sorte que les individus s’auto-organisent de façon horizontale, sans hiérarchie, en créant des structures et des organisations qui prennent la défense et amplifient les droits acquis. Pour cela le pouvoir utilise des « moyens de formation à grande échelle » pour maintenir la pression sur les masses tels les moyens de communication, les systèmes éducatifs, les religions ... et pour celui qui supportera ce lavage de cerveau et continuera à penser à la liberté, à l’égalité, à la solidarité, ils lui lâcheront les agents de la répression, les chiens de garde (police et militaires).

Ca suffit ! Etat et gouvernement bénéficient de notre souffrance. Nous ne pouvons plus croire en leur parole, ils nous trompent depuis trop longtemps, il ne faut plus qu’ils gérent nos affaires. Il faut que nous luttions pour changer tout cela. Nous ne voulons pas, nous travailleurs, porter le fardeau de cette crise. Où est passé l’argent produit par l’effort de la classe ouvrière ? Il faut le réinvestir dans la société pour que tout le monde en profite. S’ils refusent, brisons cette soumission à laquelle ils nous enchaînent et affrontons leur pouvoir. Nous ne voulons plus de leur bonne parole mensongère.

La seule alternative réside dans la participation directe des travailleurs dans leurs affaires, sans déléguer cette tâche à des burocrates syndicaux. Pour cela il existe un modèle d’organisation qui fonctionne avec succès : les Sections Syndicales, formées par les travailleurs affiliés au syndicat anarchosyndicaliste au sein de l’entreprise (la CNT), sans besoin de passer par des élections syndicales, car son outil est l’assemblée de travailleurs dans laquelle toutes les décisions sont prises et seront portées par un délégué (également élu lors de l’assemblée) devant l’entreprise. Ces délégués ne possèdent aucun privilège qui les distinguent des autres travailleurs et ils peuvent être révoqués à n’importe quel moment par l’assemblée. La coordination, dans une même branche, de toutes les Sections Syndicales entre elles apporte une force de négociation qui est crainte par le patronat. Car la Section Syndicale, c’est la présence du syndicat dans l’entreprise. Ainsi, les problèmes des uns deviennent le problème de tout le monde. AUCUN INTERET EXTERIEUR AU TRAVAILLEUR NE DOIT INTERFERER ;

Nous croyons que l’émancipation personnelle et sociale se traduit par le renforcement de l’organisation des citoyens grâce à l’égalité, la liberté, l’autogestion et le fédéralisme. Et que la confrontation avec le pouvoir et ses acolites doit être portée par l’action directe et solidaire, sans chefs, ni dirigeants, avec la participation de tout un chacun, pour en finir avec l’oppression et l’exploitation ... ET QUE PERSONNE NE PUISSE EMPIETER SUR LA VOLONTE POPULAIRE.

FA Ibérica

Texte traduit de l’espagnol par le Secrétariat aux relations
internationales de la Fédération anarchiste francophone
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PostSubject: La Place des parents à Bonaventure   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:51 pm

La Place des parents à Bonaventure
jeudi 12 mars 1998



Bonaventure fut créée par des parents (groupe local), des libertaires et des personnes en sympathie avec le projet. Au cours des deux premières années, les adultes (parents et professionnels) confrontés à l’urgence du quotidien, de la mise en place du projet se préoccupèrent peu du fonctionnement institutionnel « hors-classe ». Le groupe local composé des adultes (parents/éducateurs) s’occupait de la mise en place de la gestion du centre éducatif, de l’animation de l’association, de la construction d’un réseau.

Il fallut trois ans pour que les enfants, aidés par les éducateurs (éducateurs, intervenants) mettent en place les outils institutionnels de fonctionnement (conseils d’enfants, boîtes à râlage, à bravo, quoi de neuf ?, autofinancement des projets scolaires). À la suite d’un audit effectué l’hiver dernier, les éducateurs ont obtenu de travailler régulièrement avec un contrôleur/régulateur : cette année une enseignante, membre de l’ICEM, s’en est chargée. Leur participation aux ateliers du mouvement Freinet départemental et régional leur permet d’analyser avec des « pairs » leur pratique professionnelle et d’imaginer de nouvelles recherches. Leur responsabilité pédagogique se traduit également par l’autonomie de fonctionnement (réunion de travail indépendante, autonomie du budget pédagogique dans les limites fixées par le congrès). Le fonctionnement de la communauté éducative permanente (enfants/professionnel) a trouvé un rythme de croisière satisfaisant.

Vers une séparation des pôles de responsabilité

« Les interactions entre le groupe des parents et des professionnels sont le moteur de Bonaventure. Les professionnels sont les artisans des processus d’apprentissage disciplinaire et citoyen ; les parents y apportent une aide décisive. L’intervention directe des parents dans de nombreuses activités scolaires, comme soutien logistique, comme animateurs ou comme enseignants, enrichissent l’entreprise éducative » [1].

Focalisés par l’école et la scolarité de leurs enfants, les parents se sont laissés entraîner par les tâches quotidiennes ou l’affectivité des rapports interpersonnels. Le congrès de novembre 1997 [2] a analysé la situation et s’est donné une année pour mettre en place une organisation satisfaisante.

La transformation des rapports institutionnels des différents groupes (enfants, parents, éducateurs) passe par une redéfinition de la place de chacun.

Un préalable à la gestion : la coéducation

Cet élargissement de la place et du rôle de chacun s’acquiert à travers l’instrumentation des compétences reconnues (plan de travail, arbre de connaissance). Cette appropriation parentale de sphères créées par les groupes d’enfants et d’éducateurs offre un premier tremplin de structuration. Des espaces de travail sont dissociés : gestion quotidienne, animation associative, discussions, animation pédagogique. Pour l’heure aucun secteur n’est institué en terme de mémoire, de fonctionnement collectif. Il revient au groupe de parents de structurer cette démarche. Cette formalisation passe à la fois par une dissociation de la vie associative avec la gestion du lieu, par un élargissement du concept d’autogestion éducative, par une recherche personnelle.

Du partenariat à l’autogestion

L’éducation à la liberté, à la négociation, à l’autonomie dépasse les murs de l’école. Les enfants ont tous été à l’initiative de transformation de rapports familiaux. Le fait de l’oublier, de ne pas l’analyser, fut l’un des détonateurs de la crise institutionnelle que traversa Bonaventure l’an passé (démission d’un professionnel et de plusieurs familles). L’analyse des rapports enfants-école-famille aurait de fait défocalisé l’attention portée sur l’institution pour l‘élargir à un concept éducatif global. Elle aurait intégré au débat institutionnel les rapports de Bonaventure avec son environnement local et l’utilisation du réseau créé depuis quelques années. Elle se serait penchée sur l’autoritarisme de la famille patriarcale et le statut de l’enfant dans notre société.

La confrontation au réel casse parfois l’espoir de vivre une autre éducation. Le manque de temps, le décalage politique (en terme de citoyenneté), l’insularité et les rapports humains qu’elle induit sont à prendre ou à laisser. Le congrès conscient de ces limites structurelles a malgré tout pris le pari de poursuivre l’aventure en terre oléronnaise. Sur ces trois plans (entraide à la citoyenneté, coéducation, cogestion), chacun tente de trouver un espace, une entreprise culturelle, un objectif pédagogique. Le groupe scolaire composé des enfants et des éducateurs s’élargit à l’ensemble de la communauté éducative (membres permanents ou occasionnels).

Les parrainages de chaque nouveau parent [3] ont ainsi développé, ou essayent de le faire : la recherche personnelle, l’apprentissage de la cogestion, une meilleure approche des techniques Freinet. Cette démarche déborde du cadre figé conduisant les rapports institution/individu et les régule au sein d’un processus global. Cette année, le groupe de parents fonctionne lui aussi en groupe de travail répartissant les fonctions entre les anciens et les nouveaux participants, entre les responsables et leurs futurs remplaçants. Le congrès leur a demandé de travailler sur :

la notion de garant pédagogique et de parrainage parental.
le financement le plus autogéré possible et la prise en charge maximum de la gestion quotidienne.
la confrontation de méthodes pédagogiques pouvant entrer en opposition : celles pratiquées par la famille ou l’école.
Vers la communauté d’apprenants

Même si cela demande du temps et de la patience, l’ensemble de la communauté éducative (parents, éducateurs, enfants) s’y est attelée. Sollicités par les enfants (animation et participation à des projets culturels), formés par les professionnels (conduite du groupe, élaboration d’objectifs pédagogiques), parrainés par les anciens (commission de travail spécifique), les parents s’entre-apprennent. Et pour la première fois de son histoire Bonaventure est portée essentiellement par le groupe des enfants et des éducateurs. Les parents observent, s’imprègnent de la mémoire collective, découvrent l’autogestion par l’intermédiaire de leurs enfants.

En règle générale les nouvelles familles demandent à travailler avec les enfants (animation, participation à des classes transplantées). Si une réflexion collective entre équipe pédagogique et groupe parental n’émerge pas de cette collaboration, la coupure enfant/école/famille sera simplement masquée et non transformée. Les rapports interpersonnels demeureront au stade de la convivialité et ne se transformeront pas en relation de travail. C’est pourquoi une collaboration s’instaure entre les professionnels (les garants du projet pédagogique) et les parents — animateurs ponctuels. Ces actions sont structurées et évaluées au même titre que n’importe quel projet éducatif. Elles sont datées pour éviter une fusion des groupes et une confusion des statuts. Parallèlement à ces coopérations, les nouveaux venus prennent en charge un secteur associatif.

En ne hiérarchisant pas les fonctions, en conjuguant participation et formation, en structurant les espaces et les responsabilités, nous pouvons dire que Bonaventure tend à la création d’un véritable centre éducatif autogéré. En notifiant les attentes, en élaborant des projets de coéducation, Bonaventure devient une communauté d’apprenants.

Pour Bonaventure, Thyde Rosell

[1] Extrait d’un audit fait en mars 1997 par Michel Negrell, membre de la commission Regard Extérieur.

[2] Bonaventure réunit l’ensemble de ses membres : enfants, éducateurs, familles, adhérents pour traiter des grandes lignes du fonctionnement institutionnel, des projets politiques, culturels et sociaux. Cette instance collective contrôle les actions en cours et détermine la stratégie future.

[3] Chaque nouvel arrivant est parrainé par un pair (enfant, professionnel ou parent). Cela lui permet une meilleur compréhension du fonctionnement. Ce parrainage dure le temps de la période d’essai de la personne.
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PostSubject: Rapide historique sur l’éducation libertaire   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:53 pm

Rapide historique sur l’éducation libertaire
jeudi 12 mars 1998



Les rapports entre les anarchistes et l’éducation (ou l’acte de formation) ont été — on oserait dire évidemment — permanents. De P.-J. Proudhon à l’expérience de Bonaventure, textes théoriques, débats, discussions, réalisations se succèdent depuis un siècle et demi.

Pour préciser son approche de la notion d’éducation, Proudhon invente (ou redécouvre) un mot : démopédie, l’enseignement du peuple. Aucun dictionnaire contemporain n’a, à ma connaissance, retenu ce vocable. C’est dommage, car il résume parfaitement son propos : l’éducation populaire, par le peuple, pour le peuple. Et à travers quelques unes de ses œuvres (en particulier La Justice) il donne quelques principes, et essentiellement celui de l’apprentissage polytechnique [1]. Rien à voir avec l’école du même nom !

Dans la décennie suivante, Michel Bakounine va prolonger la réflexion proudhonnienne et l’essentiel de ses propositions se trouve résumé dans une page célèbre de Dieu et l’État [2] (voir encadré) [3].

Une fois lancé, ce mouvement de pensée ne va plus s’arrêter. Des noms connus jalonnent cette recherche intellectuelle et pédagogique : Kropotkine, Louise Michel, Robin, Ferrer, Pelloutier, Besnard, et les autres... [4].

De la théorie, un certain nombre de compagnes et de compagnons vont passer à la pratique et ceci dès 1880 avec l’expérience de l’orphelinat de Cempuis. Mais comment résumer en quelques lignes 120 années de réalisations ? Tâche impossible ! Surtout que des ouvrages récents sont parus qui, soit comblent une lacune documentaire, soit apportent des éléments nouveaux par rapport à des études anciennes. Aussi je ne peux mieux faire que conseiller de consulter la liste des ouvrages (81 titres !) parue dans le catalogue de la librairie du Monde libertaire, avec mention spéciale pour le Cempuis de Nathalie Brémand, les livres de (et sur) Ferrer, Sébastien Faure, Freinet [5], Bonaventure, etc.

De toutes ces expériences (de la Ruche à Bonaventure), on peut tirer quelques leçons. La première consiste à noter l’extrême difficulté à faire vivre une expérience pédagogique en dehors de l’institution officielle, la survie n’étant possible qu’avec le concours du mouvement social (syndicats, coopératives, mutuelles, organisations spécifiques).

La deuxième consiste à noter également l’extrême difficulté de la pénétration des propositions pédagogiques libertaires au sein de l’institution officielle. Mais ceci est un autre sujet, traité dans les colonnes voisines.

Et j’aimerai conclure en rappelant — de mémoire — cette phrase de Sébastien Faure : « L’école d’hier, c’est l’école de l’Église, l’école d’aujourd’hui, c’est l’école de l’État, l’école de demain, c’est l’école libertaire ».

Yves Peyraut

Extrait de Dieu et l’État. Michel Bakounine

Il en sera donc de même pour les professeurs de l’École moderne, divinement inspirés et patentés par l’État. Ils deviendront nécessairement, les uns sans le savoir, les autres en pleine connaissance de cause, les enseigneurs de la doctrine du sacrifice populaire à la puissance de l’État et au profit des classes privilégiées. Faudra-t-il donc éliminer de la société tout enseignement et abolir toutes les écoles ? Loin de là. Il faut répandre à pleines mains l’instruction dans les masses et transformer les Églises, tous ces temples dédiés à la Gloire de Dieu, l’asservissement des hommes, en autant d’écoles proprement dites, dans une société normale, fondée sur l’égalité et sur le respect de la liberté humaine, ne devront exister que pour les enfants et non pour les adultes ; et, pour qu’elles deviennent des écoles d’émancipation et non d’asservissement, il faudra en éliminer avant tout cette fiction de Dieu, l’asservissement éternel et absolu. Il faudra fonder toute éducation des enfants et leur instruction sur le développement scientifique de la raison, non sur celui de la foi ; sur le développement de la dignité et de l’indépendance ; sur le culte de la vérité et de la justice quand même, et avant tout sur le respect humain, qui doit remplacer, en tout et partout, la culte divin.

[...] Toute éducation rationnelle n’est au fond que cette immolation progressive de l’autorité au profit de la liberté, le but final de l’éducation devant âtre de former des hommes libres et pleins de respect et d’amour pour la liberté d’autrui.

[1] On peut sur ce sujet consulter les actes du colloque de novembre 1994 de la société Proudhon consacré à ce sujet. L’éducation : Proudhon, proudhonnisme (XIXe, XXe siècles), 70 FF.

[2] Réédité dans la collection « Volonté anarchiste, 40 FF.

[3] On peut noter avec une relative malice qu’un des plus proches amis de Michel Bakounine, et membre de la première Internationale Buisson va être un des fondateurs de l’école publique de la IIIe République, en tant que collaborateur de Jules Ferry. Et jusqu’en 1905, le secrétaire de Jules Ferry est un certain James Guillaume... Il pourrait être intéressant pour un historien contemporain de déterminer si, grâce à ces hommes quelques semences de propositions libertaires ont germé au sein de l’Instruction publique, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est loin de nos idées.

[4] Pour approfondir cette question, on peut consulter — entre autres — le livre de Jean-Marc Raynaud T’are ta gueule à la révo !, Éditions du Monde libertaire.

[5] Sur Freinet, les opinions divergent. N’a-t-il pas été membre du PC jusqu’en 1952 ? Les mauvaises langues suggèrent que ses sympathies naturelles le conduisaient vers le mouvement libertaire, mais il semble que Élise ait joué auprès de Célestin le même rôle qu’Elsa auprès de Louis (Aragon) : l’ancrage au PC.
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PostSubject: De l’éducation libertaire et de quelques pistes pouvant permettre de s’en approcher   Fédération Anarchiste I_icon_minitimeWed 26 Aug 2009, 5:55 pm

Traces d’ombres et bâtisses d’être

De l’éducation libertaire et de quelques pistes pouvant permettre de s’en approcher
jeudi 12 mars 1998



Les anarchistes et l’éducation, c’est assurément une vieille et même une très vieille histoire d’amour, de toujours... et sans doute à toujours !

Comme dans toutes les histoires d’amour, le hasard — celui du coup de foudre, de l’ivresse d’un instant ou de la passion d’un moment — a joué, joue encore et jouera sûrement toujours son rôle. Mais un petit rôle ! Car quand les histoires d’amour durent à ce point et traversent le temps et l’histoire au rythme endiablé d’un tel corps à cœur et d’un tel cœur à corps, elles relèvent généralement d’autre chose que du seul hasard. D’une certaine logique, tout bonnement !

Le voudraient-ils, en effet, que les anarchistes ne pourraient éviter la rencontre avec l’éducation. Peut-être parce que leur démarche — profondément antiautoritaire — vise par « essence » à convaincre et s’inscrit, de ce fait, dans un processus fondamentalement éducatif ? Peut-être également parce qu’ils savent qu’un véritable changement social implique de changer de concert et les choses (les rapports de production, la structure de l’économie, l’infrastructure politico-économique...) et les individu(e)s, tant il est vrai qu’un système social quel qu’il soit repose toujours sur un CONSENSUS. Un consensus authentique. D’adhésion consciente. Ou un consensus marqué au fer rouge de l’ALIÉNATION. Et que de ce point de vue, comme c’est l’éducation (dans le cadre familial, scolaire et social) qui « conditionne » l’individu(e) et les individu(e)s à certains types de comportements plutôt qu’à d’autres, c’est peu dire qu’un révolutionnaire un tant soit peu cohérent peut difficilement se désintéresser (en théorie comme en pratique) de ce qui constitue le comment de l’aliénation et par contre-coup celui d’une éventuelle désaliénation.

Qu’est-ce que l’éducation ?

Ici, là ou ailleurs, on pense généralement que l’éducation ne concerne que les enfants et les adolescents et opère pour l’essentiel dans le cadre de la famille.

Éduquer, en effet, c’est façonner ou accompagner. C’est transmettre un certain nombre de modes de comportement. De valeurs. Et dans cette optique c’est peu dire que les enfants constituent une cible idéale et que la famille est un espace de tout premier choix.

Les anarchistes quant à eux ont une vision plus large, plus globale et pour tout dire plus sociale de l’éducation.

Ils n’hésitent pas à affirmer que la naissance, selon qu’elle se réalise brutalement (ordinairement) ou en douceur, constitue le premier temps éducatif. Ils condamnent d’ordinaire la famille patriarcale et son triangle des Bermudes Œdipien. Ils clament haut et fort que l’école, qu’il s’agisse des crèches, des maternelles, des écoles primaires, secondaires, supérieures, techniques, confessionnelles, patronales, étatiques... transmet, sous couvert d’instruction, un certain nombre de valeurs. Qu’elle fabrique d’une manière industrielle un certain type de personnalité. Et ils ne sont pas sans savoir que l’environnement social au sens large, qu’il s’agisse de la télé, du quartier où on habite, du supermarché que l’on fréquente, du milieu social où on évolue... est un espace éducatif de toute première importance.

Bref, les anarchistes ne sont pas loin de penser que tout est éducation dans la vie d’un individu.

D’où leur façon d’aborder (en termes de critiques ou de projets) l’éducation d’une manière globale. Les yeux dans les yeux de tous les acteurs, de tous les espaces et de tous les temps éducatifs.

Mieux, ils osent dire que ce tout éducatif, parce qu’il est au cœur du processus de reproduction de tout système social et sociétaire, constitue un enjeu stratégique majeur pour les dominants... comme pour les dominés.

De l’éducation dans les sociétés divisées socialement

La société capitaliste dans laquelle nous évoluons aujourd’hui est une société profondément divisée et hiérarchisée. S’y affrontent, en effet, des classes sociales, des groupes sociaux, des individus, des cultures, les sexes et même les différents temps de la vie.

L’État, cette institution qui est autant au service des dominants qu’à son propre service (certains vont jusqu’à qualifier cette institution de classe sociale) s’est construit sur cette division de la société et, l’ayant posée comme étant de toute éternité, s’est donné pour mission de la gérer. Et il la gère à la mode bestiale via sa mainmise sur l’armée, la police, le judiciaire... comme à la mode cool via sa main mise sur le préscolaire, le scolaire, le postscolaire et l’éducatif.

Hasard de l’histoire ? Mon cul !

En 1860, nous dit Jean Foucambert dans son livre L’école de Jules Ferry, un mythe qui a la vie dure, 87 % des ouvriers parisiens avaient appris à lire et à écrire par le biais des associations ouvrières.

En 1998, les associations ouvrières étant pour la plupart inféodées à l’état et les services d’instruction l’étant complètement, il est aisé de constater combien cette gestion étatique de l’école a été profitable aux petites gens.

No comment !

Dans ces conditions, qui pourrait décemment s’étonner de constater que dans ce type de société l’éducation qui y prévaut, quelles que soient les formes qu’elle peut prendre, va viser (explicitement ou implicitement) à préparer les enfants à une logique toute de divisions, de hiérarchies, d’exclusions, d’assistanats, de solitudes, d’individualisme, de loi du plus fort, de soumissions, de refoulements, de sublimations...

C’est ainsi que les enfants qui dans la société vont être cantonnés dans le sous statut social de mineurs vont être la propriété de leurs parents et vont avoir comme champ d’identification principal le petit cercle pyramidal de la famille patriarcale. Là ils vont commencer à découvrir l’autorité et les rôles sociaux et sexués.

À l’école, le dressage va se poursuivre. Au motif de leur donner une instruction, on va commencer par les casser dans leur corps en les forçant à l’immobilité pendant des heures carrées. Ensuite on va les initier à l’obéissance au maître, au directeur, aux programmes... On va leur expliquer que le monde est divisé en deux, avec ceux qui parlent comme Voltaire et ceux qui parlent comme tout le monde, ceux qui font de longues études et ceux qui font ce qu’ils peuvent, ceux qui vont dans l’enseignement général et ceux qui sont orientés dans l’enseignement technique... On va essayer de leur faire croire (ca marche de moins en moins) que s’ils redoublent d’efforts et d’obéissance, ils ont une chance de faire un jour partie du bon camp...

La télé, bien sûr, mais également leurs parents, leurs amis, le facteur et bien évidement le curé vont en rajouter trois louches et vont les éduquer à faire leur les valeurs d’un système social qui va écrabouiller le plus grand nombre d’entre eux.

Mettre des chaînes dans la tête des esclaves et de leur progéniture, tel est au bout du compte l’objectif d’un tout éducatif à la mode capitaliste.

Les mots-clefs d’une éducation libertaire

Plusieurs principes essentiels, plusieurs idées forces sont à même de fonder une éducation libertaire, qui, comme la société libertaire, reste à construire. Énonçons en quelques uns.

Bonheur : la vie, ce fragile entre parenthèse entre le néant et le néant, représente une chance tellement extraordinaire que tout, dans toute circonstance, doit toujours être fait pour contribuer à ce qu’elle se déroule sous les meilleures auspices. De ce point de vue on doit affirmer que le bonheur de l’individu et des individus constitue l’objectif central de la vie humaine et que l’éducation doit viser clairement à offrir aux enfants les moyens de ce bonheur.

Accompagnement : l’enfant n’étant naturellement ni bon ni mauvais et ayant besoin, pour se construire, de repères de tous ordres, doit être accompagné sur le chemin de sa vie. Entre l’autoritarisme qui impose à toute force un modèle de comportement et d’identification, et un laisser-faire spontanéiste qui confine à l’abandon, l’accompagnement tout de suggestions et de création de situations constitue un moyen terme éducatif qui relève quasiment du bon sens.

Liberté, égalité, autogestion, coopération, citoyenneté... : si le bonheur est l’objectif central de la vie, il est cependant plusieurs manières de le concevoir. Les libertaires, quant à eux, ne conçoivent le bonheur de chacun que comme partie prenante du bonheur de tous, et dans cette optique ils se revendiquent de certaines valeurs dont ils estiment qu’elles sont les mieux à même de favoriser l’éclosion du bonheur de chacun et de tous. Ces valeurs se retrouvent au cœur d’un accompagnement éducatif visant à éduquer à la liberté, l’égalité, l’autogestion, la coopération, la citoyenneté... par la pratique et l’apprentissage de la liberté, de l’égalité, de l’autogestion, de la coopération, de la citoyenneté...

Autonomie : si l’enfance est une étape de la vie qui précède l’âge adulte, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille considérer l’enfant comme un petit adulte. Ses aptitudes au jeu, aux rêves, à l’art... doivent donc être respectées car elles sont au cœur du processus permettant l’épanouissement de toute personnalité.

Éducation intégrale : l’individu étant tout à la fois un corps, un esprit, des mains et un être social, l’éducation ne doit négliger aucun de ces quatre aspects du tout humain.

Statut social de l’enfance : pour donner sens, corps et cohérence à un accompagnement éducatif vers et par la liberté, l’égalité, l’autogestion, la coopération, la citoyenneté... il s’avère nécessaire de permettre (et de leur en donner les moyens) aux enfants de participer à la vie de la cité et à l’élaboration des lois qui régissent la cité. Hors de cette voie qui exclue la propriété parentale comme la propriété étatique de l’enfance, point de salut. La liberté, l’égalité, l’autogestion, la coopération, la citoyenneté... ne se divisent pas. Elles sont... ou elles ne sont pas.

Service social d’éducation : étant entendu que l’analphabétisme et la culture instinctuelle n’ont jamais été les agents de quelque progressisme social que ce soit, il importe de pouvoir offrir à chacun la chance de l’instruction. D’une instruction s’apparentant largement à la culture, car sans enjeu professionnel ou économique aucun. D’une instruction ne visant à rien d’autre qu’à permettre à chacun d’apprendre à apprendre, d’apprendre à s’apprendre, de construire des et ses savoirs, de se construire... D’une instruction débarrassée de l’angoisse du niveau parce que personnalisée et auto-évaluée. D’une instruction reposant sur des contrats et non des notes. D’une instruction peuplée d’une myriade d’instructeurs car favorisant l’entraide entre les enfants et donc leurs capacités à s’instruire entre eux. D’une instruction qui, pour n’être pas vécue comme oppressante ou inutile, gagnerait à se dérouler dans un contexte de république éducative fonctionnant à et par la liberté, l’égalité, l’autogestion, la coopération, la citoyenneté... et à être mise en œuvre par des enseignants formés à l’éducation (ou l’inverse)... Toutes choses fondant un véritable service social d’éducation, laïque, gratuit, doté de larges moyens et fonctionnant à l’égalité des chances.

Révolution sociale : ces quelques grands principes susceptibles d’initier une approche libertaire de l’éducation n’ont pas la moindre chance de pouvoir se matérialiser massivement dans le contexte sociétaire actuel qui est celui de l’exploitation et de l’oppression de l’être humain par l’être humain. De ce point de vue, le combat pour une éducation libertaire passe clairement par celui pour une société libertaire. C’en est simplement l’un des éléments constitutifs.

Jean-Marc Raynaud
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