[ deuxième et dernière partie ]
Chapitre 20 : Michel Mathurin
Le lundi 17 mai 1996 à 14h08, Michel Mathurin, un Canadien âgé de 49 ans, reçoit au
moins une balle tirée par un agent du poste 14 dont le nom est inconnu.
-Résumé du cas : Le 17 mai 1996, Mathurin reçoit une lettre lui signifiant son
renvoi de son travail de concierge. Il se présente armé de deux couteaux au bureau
de son ancien patron au 1000 rue Lawlor, où il rencontre la gérante et le nouveau
concierge. Les deux se sauvent et l’un d’eux appelle la police. À sa sortie de
l’édifice, Mathurin arrive face-à-face avec deux agents du poste 14. Un agent se
sent menacé par les couteaux dans les mains de Mathurin et l’abat.
- Contradictions et inconsistances : D’un côté, le nouveau concierge ne se sent pas
vraiment menacé par les couteaux brandis par Mathurin. De l’autre côté, le
policier, s’apercevant que Mathurin s’avance vers lui armé de couteaux, n’a d’autre
choix que de tirer.
- Suites : Après une enquête de la SQ, le policier a été blanchi.
Chapitre 21 : Richard Whaley
Le 10 novembre 1996 à midi, Richard Whaley, un Canadien âgé de 29 ans, est aspergé
de poivre de cayenne au moins deux fois par des agents dont les noms sont inconnus
du poste 55.
-Résumé du cas : Whaley aurait crié à des témoins qu’il trouve une camionette «
bien belle », puis il aurait foncé dedans avec sa Toyota Tercel. Ensuite, armé d’un
tournevis et d’une seringue, il aurait piqué au doigt le propriétaire de la
camionnette au domicile de celui-ci. Suite à une altercation entre les deux, les
policiers arrivent sur les lieux. Ils l’aspergent de poivre de cayenne, sans effet
apparemment, puis la force physique ne vient pas non plus à bout de Whaley. La
police allègue qu’il a violemment résisté à son arrestation et qu’ils ont utilisé
du poivre de cayenne afin de le menotter. Il a subi une crise cardiaque sur le
plancher de l’appartement et il est mort plus tard à l’hôpital. La police allègue
que l’usage de poivre de cayenne n’a eu aucun impact sur lui.
- Contradictions et inconsistances : D’un côté, le COBP s’interroge sur les effets
que peut avoir l’utilisation de poivre de cayenne sur des personnes intoxiquées ou
présentant certaines particularités. De l’autre côté, un porte-parole du SPCUM
affirme que Whaley subit un malaise cardiaque après avoir été maîtrisé par les
policiers.
- Suites : Après une enquête de la SQ, les agents ont été blanchis. Le MAJ a
demandé une enquête publique du coroner sur les circonstances de sa mort.
Chapitre 22 : Yvan Fond-Rouge
Le 30 avril 1998, Yvan Fond-Rouge, âgé de 36 ans, reçoit au moins une balle tirée
par un agent de l’équipe d’intervention SWAT.
-Résumé du cas : Après un siège de plusieurs heures, le SWAT a eu l’ordre
d’intervenir, l’opération fut bâclée et Yvan fut tué. La police n’a averti ni la
mère ni le frère du malheureux en détresse qui, bien qu’il était armé d’une
carabine 22, n’a en aucun moment menacé des personnes.
-Contradictions et inconsistances : La mère a appris la nouvelle de la mort de son
fils dans un reportage télévisé en direct. Elle n’a reçu aucune aide pour faire
face à ce drame, alors que le policier impliqué a eu droit à un congé de maladie et
du soutien psychologique. Elle a encore moins reçu d’excuse ou de compensation
monétaire.
-Suites : Une poursuite civile a été intentée.
Chapitre 23 : Jean-Pierre Lizotte
Le 5 septembre 1999, Jean-Pierre Lizotte, un itinérant âgé de 45 ans, a été battu
par les agents Giovanni Stante et Sylvain Fouquet, ainsi que par le bouncer du Shed
Café, situé au 3515 rue St-Laurent.
-Résumé du cas : Lizotte avait déjà été frappé au moins deux fois au visage quand
la police est arrivée sur les lieux, suite à de supposés actes indécents. Deux
agents du SPVM, Giovanni Stante et Sylvain Fouquette, ont mis leurs gants de cuir
et décidé d’arrêter Lizotte. Ils l’ont battu à coups de poings au visage pendant
que le portier du Shed Café lui tenait les bras et la nuque par en arrière (en
faisant la prise de lutte appelée Full Nelson). Alors qu’il est paralysé de la tête
aux pieds, ils menottent Lizotte et l’embarquent dans leur auto-patrouille,
laissant beaucoup de sang sur le trottoir. Lizotte est mort à l’hôpital le 16
octobre, de blessures aux vertèbres.
-Contradictions et inconsistances : L’état-major du SPVM met 53 jours avant de
rendre publique la mort de Lizotte. Ce n’est qu’en décembre, après que le
conseiller municipal Marcel Sévigny demande à la Commission de la Sécurité publique
de la Ville de Montréal pourquoi le SPVM a gardé secrète la mort de Lizotte que les
médias en parlent. Nous devons nous demander : Combien il y a d’autres affaires
Lizotte dans les placards du SPVM?
-Suites : Le 15 mars 2000, jour même de la 4ième manifestation pour la Journée
Internationale Contre la Brutalité Policière, le procureur en chef du district de
Longueuil annonça qu’il ordonnait la tenue d’une pré-enquête à hui-clos « à des
fins de plus grande transparence »(!). Au lieu de déposer des accusations contre
les policiers ayant battu Lizotte, la Couronne relançait ainsi la balle à un juge
de la Cour du Québec. Finalement, l’agent Giovanni Stante et le portier du Shed
Café Steve Deschâtelets ont été accusés au criminel d’homicide involontaire, de
voies de fait graves et d’avoir causé des lésions corporelles à Lizotte. Il est
clair que le policier a donné des coups au visage de Lizotte alors que ce dernier
était déjà maintenu par le portier du Shed Café. Pourtant, Stante a été acquitté de
toutes les accusations. Le juge Frazer Martin, qui trouvait que six semaines de
procès était trop long, a affirmé que le tabassage fatal de Lizotte n’était qu’« un
incident de 10 minutes »! Le procureur de la Couronne, Me Michel Breton, n’a pas
montré autant de zèle que l’avocats du policier, Me Michael Stober, et n’a pas
porté le verdict d’acquittement en appel, malgré qu’il aurait eu de bonnes raisons
de le faire. Stante a été suspendu sans solde durant les procédures judiciaires,
puis il a réintégré le SPVM. Le deuxième policier impliqué, Sylvain Fouquette, n’a
jamais été accusé, mais la Couronne l’a recruté comme témoin contre Stante… Une
plainte en déontologie a été déposée contre les deux policiers impliqués dans
l’arrestation. Une poursuite civile a aussi été intentée par le frère de
Jean-Pierre Lizotte. Le MAJ a annoncé vouloir intenter une poursuite criminelle
pour entrave à la justice contre des policiers chargés d’enquêter sur ce dossier.
Le MAJ a demandé une enquête du ministre de la Sécurité Publique sur la gestion
administrative du dossier par la direction du SPVM, car celle faite par le SPVM
n’est pas crédible.
Chapitre 24 : Luc Aubert
-Résumé du cas : Le 16 juillet 2000, Luc Aubert, âgé de 43 ans, est aspergé de
poivre de cayenne par quatre agents du SPVM. Il est mort d’une crise cardiaque par
la suite.
-Suites : Le MAJ a demandé une enquête publique du coroner sur les circonstances de
sa mort.
Chapitre 25 : Sébastien McNicoll
-Résumé du cas : Le 18 juillet 2000, Sébastien McNicoll, âgé de 26 ans, est aspergé
de poivre de cayenne par un agent du SPVM durant un vol.
-Suites : Le MAJ a demandé une enquête publique du coroner sur les circonstances de
sa mort. Le COBP a organisé une manifestation pour dénoncer ces deux morts en trois
jours et quatre morts depuis 1996 causés par le poivre de cayenne. La manif du COBP
visait aussi à dénoncer la complicité des autorités politiques, l’enquête truquée
de la S.Q., les mensonges du chef pathologiste et l’impunité dont bénéficient les
policiers meurtriers. Avant même la fin de l’enquête dont il était chargé sur ces
morts, le chef pathologiste a déclaré en conférence de presse que le poivre de
cayenne était une alternative sécuritaire à l’usage de la force mortelle.
Chapitre 26 : Michael Kibbe
-Résumé du cas : Le 8 février 2001, Michael Kibbe, âgé de 19 ans, fait une chute de
8 mètres alors qu’il est menotté et détenu par deux agents non-identifiés du SPVM
au C.O. Sud sur la rue Guy.
-Contradictions et inconsistances : Malgré la présence de nombreuses caméras de
surveillance couvrant la scène de l’événement, la police ne montre aucune image
montrant ce qui s’est passé ce soir là.
-Suites : 5 plaintes en déontologie policière ont été portées : contre les deux
policiers chargés du transport de Michael au Centre Opérationnel sud; contre les
policiers chargés de sécuriser la scène des événements; contre les policiers
chargés de la préservation de la preuve (bande vidéo du restaurant McDonald);
contre les policiers chargés d’élucider les circonstances entourant la mort de
Michael. Une poursuite civile a été intentée par la mère de Michael Kibbe. Le MAJ a
demandé une enquête publique du coroner sur les circonstances de sa mort.
Chapitre 27 : Michel Morin
Le 4 septembre 2002 vers 19h30, Michel Morin, un itinérant âgé de 43 ans, meurt
d’arythmies cardiaques létales survenues lors d’une mise sous contention par des
agents du SPVM dont on ignore l’identité, au cours d’un épisode de « delirium agité
» post-consommation de cocaïne.
-Résumé du cas : Michel Morin était agité quand il est entré au Presse Café situé
au 1750 rue St-Denis à 19h10 et a demandé d’appeler la police car il allait mourir.
Un employé et un client l’ont maîtrisé par les bras et l’ont couché à plat ventre
par terre et ont attendu les policiers. Ceux-ci ont menotté Morin aux poignets et
aux chevilles, l’ont retourné et ont constaté qu’il ne respirait plus. Son décès
fut constaté à l’Hôpital St-Luc à 20h20. Morin n’était pas armé. D’après la coroner
Line Duchesne (qui dira la même chose suite à la mort de Rohan Wilson en 2004), il
s’agit d’une « mort violente, accidentelle ».
-Suites : Un procureur de la Couronne a conclut que les agents n’avaient commis
aucun crime et les a donc blanchis.
Chapitre 28 : Michel Berniquez
Le 28 juin 2003, Michel Berniquez, âgé de 45 ans, meurt d’une arythmie cardiaque
lors de son arrestations par des agents du poste 40 dont on ignore l’identité.
-Résumé du cas : Berniquez aurait quitté un dépanneur sans payer sa consommation à
Montréal-Nord, puis il y aurait eu une bagarre avec une autre personne. Il aurait
donné un coup de poing à un policier qui voulait l’interpeller, puis après une
poursuite à pied les policiers l’ont maîtrisé. Constatant qu’il avait des
difficultés à respirer, les policiers ont appelé une ambulance. Suite à un arrêt
cardiorespiratoire, son décès a été constaté à l’hôpital à 18h04. Berniquez n’était
pas armé.
-Suites : D’après l’autopsie, Berniquez aurait consommé un dangereux cocktail de
cocaïne et de métamphétamines, substances qui auraient provoqué un comportement
agressif, violent et délirant et une augmentation désordonnée du rythme cardiaque.
De plus, la victime était porteur d’une maladie coronarienne et à risque de subir
un accident cardiaque. D’après le coroner Michel Ferland, les lésions attribuables
à l’altercation avec les policiers ne peuvent avoir causé le décès et l’autopsie ne
démontre aucune asphyxie imputable aux manœuvres des policiers. Il conclut à une
mort accidentelle.
Chapitre 29 : Un homme dont le nom est inconnu
Le 20 décembre 2003, un homme dont le nom est inconnu, âgé de 39 ans, a été «
découvert » sans vie par des agents du poste 48.
-Résumé du cas : Vers le 20 décembre 2003 vers 14h, des policiers du poste 48 se
rendent chez la victime au coin des rues Baldwin et Buisson dans l’Arrondissement
Mercier, suite à un appel de violence conjugale. Après qu’il se soit barricadé et
plusieurs heures de négociations, des agents de l’escouade tactique l’auraient «
découvert » sans vie chez lui vers 23h30.
-Contradictions et inconsistances : À notre connaissance, aucune autre version de
l’événement n’est disponible.
Chapitre 30 : Rohan Wilson
Le 21 février 2004, Rohan Wilson, un Noir âgé de 28 ans, meurt après s’être fait
arrêter par six agents du SPVM.
-Résumé du cas : Wilson venait de débarquer de l’auto conduite par sa femme pour
marcher quelques coins de rues jusqu’à chez lui. La police dit qu’elle a répondu à
un appel pour un homme qui marchait à contresens au milieu de la rue St-Jacques
dans le quartier NDG. Un agent du poste 11 est arrivé vers 2h10 et a appelé une
ambulance. Il dit que Wilson serait tombé deux fois, se frappant la tête sur
l’asphalte. D’après l’agent, Wilson était incohérent et il semblait à moitié
conscient. Trois minutes plus tard, cinq autres agents sont arrivés et ils ont
emmené Wilson sur le trottoir. D’après les policiers, Wilson serait devenu agité et
il aurait tenté de frapper sa propre tête sur le trottoir alors que les six agents
tentaient de le maîtriser. Les policiers ont décidé de coucher Wilson à plat ventre
par terre et de le menotter dans le dos « pour éviter des blessures et pour le
contrôler parce qu’il se débattait et que sa sécurité était en danger. »
L’ambulance est arrivée à 2h20. Wilson a été attaché sur une civière et on lui a
mis un masque en papier car il aurait craché et tenté de mordre un policier.
D’après les ambulanciers, Wilson pleurait et appelait sa femme et sa fille, tentant
de frapper sa tête sur la civière. Arrivé à l’Hôpital Général de Montréal, Wilson
aurait continué à se débattre, arrachant un tube d’intraveineuse avec ses dents. Il
a été drogué par une injection afin de faire un test pour voir s’il avait des
traumatismes crâniens. Il a alors commencé à vomir et a respiré son vomi. Wilson a
ensuite fait un arrêt cardiaque. Sa mort a été déclarée à 4h10. Wilson n’était pas
armé.
-Contradictions et inconsistances : D’un côté, la communauté noire a demandé
pourquoi Wilson était mort et a été déçue de la lenteur des autorités puis de
l’issue. De l’autre côté, les policiers et la coroner affirment que Wilson se
serait tué lui-même. Un témoin a vu un groupe de six policiers qui « épinglaient »
(pinning down) Wilson à terre. Wilson était en parfaite santé. La police a
seulement permis à Lecita Audain, la femme de Wilson, de voir son corps trois jours
après sa mort.
-Suites : Une manifestation a été organisée en mars 2004 dans le quartier NDG, à
laquelle plusieurs centaines de personnes ont participé pour demander Justice pour
Wilson. Le maire Gérald Tremblay a envoyé une lettre au ministre de la Sécurité
Publique Jacques Chagnon demandant qu’il accélère l’enquête sur cette mort, alors
que ces enquêtes sur des morts impliquant des policiers prennent entre 6 mois et un
an. La famille, le révérant Darryl Gray, président intérimaire d’Alliance Québec,
et le groupe Black Youth in Action ont demandé une enquête publique sur cette mort.
La coroner Line Duchesne a affirmé dans son rapport que les blessures à la tête de
Wilson pouvaient avoir été infligées par lui-même. Elle a conclu que la cause de la
mort était une intoxication alcoolique avec une aspiration pulmonaire. Elle conclut
aussi que l’intervention médicale était appropriée et n’a pas contribué à la mort.
Sa conclusion est qu’il s’agit d’une mort violente, mais accidentelle. Il faut
noter que Duchesne est arrivée à la même conclusion dans son enquête sur la mort de
Morin. La femme de Wilson, Lecita Audain, a reçu le rapport du coroner quatre mois
après la mort de Wilson (elle a dû débourser 10$ pour l’avoir). Le révérant Gray a
déclaré suite à la sortie du rapport du coroner : « Ce que nous avons lu est un
paquet d’inconsistances. Ce que le rapport dit en fait est que Rohan s’est lui-même
tué. » Il a ajouté : « Même s’il a cogné sa tête quand ils le contrôlaient, comment
est-ce que six policiers n’ont pas pu l’empêcher de se blesser lui-même, si c’était
en fait, ce qu’il s’est passé? Il ne se serait jamais étouffé dans son propre vomi
si la police avait géré la situation d’une autre façon. » Lecita Audain, la femme
de Wilson, a dit : « Ils ne veulent pas être blâmés. Ils ont trop de pouvoir pour
être blâmés. » La SQ, qui avait d’abord affirmé qu’il n’y avait pas de traces de
violence sur son corps, a ensuite conclu qu’il n’y avait eu aucune infraction
criminelle et qu’aucune accusation ne serait déposée contre les policiers
impliqués. La police de Montréal n’a pas commenté l’affaire… Des policiers anonymes
ont dit à The Gazette qu’il est « virtuellement impossible » de maîtriser quelqu’un
qui est agité et « auto-destructeur » (self-destructive), surtout avec la peur
d’être mordu.
Chapitre 31 : Un homme dont le nom est inconnu
Le 1er avril 2004, un homme dont le nom est inconnu, âgé de 35 ans, est mort après
qu’ il se serait jeté à l’eau à l’arrivée des policiers du poste de quartier 20.
-Résumé du cas : D’après la police, suite à un appel d’un employé de La Ronde pour
un homme en détresse sur le pont du Cosmos vers 10h40, des agents du poste 20 sont
intervenus et « au moment où les policiers l’interpellent, ce dernier se jette à
l’eau. » Une patrouille nautique du SPVM qui se trouvait par hasard sur les lieux
aurait tenté de sauver l’homme en lui lançant une bouée, mais il aurait refusé de
s’y agripper. Il a ensuite été repêché et transporté à l’hôpital où son décès a été
constaté vers 17h.
À notre connaissance, il n’existe pas d’autre version de cet événement.
Chapitre 32 : un homme dont le nom est inconnu
Le 24 juin 2004, un homme dont le nom est inconnu, âgé de 36 ans, est mort sous les
balles d’un agent du SPVM.
-Résumé du cas : La victime a été prise en chasse par la police, qui le soupçonnait
de vol de voiture. D’après la police, la poursuite a pris fin au coin du boulevard
Gouin et de la 19ième avenue, lorsque la victime est sortie du véhicule et aurait
brandi un objet tranchant en se dirigeant vers les policiers. C’est alors que les
policiers auraient fait feu.
À notre connaissance, il n’existe pas d’autre version de cet événement.
Chapitre 33 : Benoît Richer
Le 20 juillet 2004, Benoît Richer, 28 ans, est mort d’une balle tirée par un agent
du SWAT, alors qu’il s’enfuyait.
-Résumé du cas : La police voulait la peau de Richer depuis que celui-ci faisait
l’objet d’un mandat d’arrestation pour tentative de meurtre sur un policier de la
Régie de police de Rivière-du-Nord pour un incident remontant au 4 juin dernier.
D’après la police, des agents de la Section des crimes majeurs du SPVM ont tenté
d’intercepter Richer dans un stationnement à Laval. Richer aurait foncé avec son
auto sur le véhicule des policiers, puis des coups de feu auraient été échangés.
Après une poursuite qui a fini quand les policiers ont provoqué un accident avec
l’auto de leur cible, Richer a tenté de s’enfuir puis d’autres coups de feu ont été
échangés. Il a été abattu par le SWAT alors qu’il quittait à pied la scène de
l’accident.
-À notre connaissance, il n’existe pas d’autres version de cet événement.
Chapitre 34 : Un homme dont le nom est inconnu
Le 4 juillet 2005, un peu avant 5h du matin, un homme dont le nom est inconnu, âgé
de 59 ans, a été tué par balles près du 5365 rue Berri sur le Plateau Mont-Royal.
Un agent et une agente sont présents sur les lieux.
-Résumé du cas : Selon la version policière, deux agents dépêchés sur les lieux, un
homme et une femme, se seraient sentis menacés par l’homme qui tenait une barre de
métal de quatre pieds en main, refusait de la lâcher et aurait foncé sur le
policier en tentant de le frapper. Les deux policiers ont été soignés à l’hôpital
pour un choc nerveux, quant à la victime, son décès a été constaté à 5h35. Les deux
agents ont été relégués à du travail de bureau…
-Suites : Après une enquête de la SQ, un communiqué du SPVM annonçait le 17 février
2006, qu’aucune accusation ne serait déposée contre les deux agents impliqués.
Chapitres 35 et 36 : Un homme et une femme dont on ignore les noms
Le 20 juillet 2005 vers 7h50, un homme âgé de 78 ans et une femme âgée de 82 ans,
dont on ignore les noms, sont morts après avoir été frappés par l’auto d’un
policier du poste 3.
-Résumé du cas : Un jeune policier superviseur du poste 3, qui remplaçait un
sergent du SPVM, a foncé sur leur auto avec sa fourgonnette de police qui avait ses
gyrophares. D’après la police, la voiture du couple aurait brûlé un feu rouge au
coin des rues Pierrefonds et Westpark.
-À notre connaissance, il n’existe pas d’autre version de cet événement.
Chapitre 37 : Une fille dont on ignore le nom
Le 14 novembre 2005 vers 23h, une fille âgée de 14 ans dont on ignore le nom est
morte suite à une poursuite policière.
-Résumé du cas : Des agents du SPVM ont tenté d’arrêter une auto qui était
rapportée comme volée. Le conducteur, âgé de 16 ans, refuse de s’arrêter et ils le
prennent en chasse. Quelques kilomètres plus loin, la voiture poursuivie frappe une
voiture qui arrivait en sens inverse. Deux jeunes sont grièvement blessés durant la
poursuite policière et une fille de 14 ans, qui était passagère de l’auto rapportée
comme volée, a perdu la vie.
-À notre connaissance, il n’existe pas d’autres version de cet événement.
Chapitre 38 : Mohamed Anas Bennis
Le 1er décembre 2005 à 7h20, Mohamed Anas Bennis, un citoyen canadien musulman
d’origine marocaine, âgé de 25 ans, a été tué par deux balles dont une en plein
cœur, tirées par l’agent Yannick Bernier du poste 25 à Côte-des-Neiges. L’agent Roy
du poste 25 est aussi présent, de même que l’agent Ben Aniba.
-Résumé du cas : D’après la police, Anas serait sorti de nulle part et aurait
poignardé l’agent Bernier au cou et à la jambe, « sans aucun motif connu » et en
criant « Allah est grand! ». Bernier aurait alors tiré deux balles sur Anas, dont
le décès a été constaté à l’Hôpital général juif à 8h04. Il s’agit donc d’une mort
non accidentelle, les policiers invoquant la légitime défense face à Anas qui
aurait été armé d’un couteau de cuisine.
-Contradictions et inconsistances : D’un côté, la famille et les proches d’Anas
refusent de croire qu’Anas aurait été armé et aurait agressé un policier sans
raison. Ils croient à une bavure policière et qu’Anas a été victime de profilage
racial, car il sortait de la mosquée et portait une barbe et des vêtements
traditionnels musulmans. De plus, l’événement s’est produit sur la scène d’une
opération policière menée par la SQ visant un réseau de fraudeurs supposément liés
au terrorisme international. De l’autre côté, la police ne fait que répéter la même
histoire depuis le début : Anas les aurait attaqués avec un couteau sans motif
connu et Bernier l’aurait abattu en légitime défense. Mais la police a refusé de
montrer les vidéos de l’événement, alléguant qu’elles n’étaient pas exploitables,
alors qu’au moins deux caméras de surveillance ont pu capter la scène. La police a
également refusé de montrer le fameux couteau de cuisine, de même que les blessures
du policier Bernier. De plus, le rapport d’enquête de la police de Québec sur
l’événement demeure secret à ce jour, sur ordre du ministre de la Sécurité Publique
(et maintenant aussi ministre de la Justice!) Jacques Dupuis, de même que la
décision du procureur James Rondeau de ne porter aucune accusation contre les
policiers, affirmant qu’aucune infraction criminelle n’a été commise.
-Suites : La famille et la Coalition Justice pour Anas demandent encore une enquête
publique, toute la vérité sur la mort de Anas et la fin de la brutalité policière
et de l’impunité (
www.justicepouranas.ca).Chapitre 39 : un homme dont on ignore le nom
Le 16 octobre 2006 vers 10h15, un homme dont on ignore le nom, âgé de 53 ans, est
mort suite à un « malaise cardiaque » alors qu’ils se faisait arrêter par des
agents du poste 20.
-Résumé du cas : D’après le SPVM, « Vers 10 h 15, le 9-1-1 reçoit un appel
signalant un cas de violence conjugale dans une résidence située sur le chemin de
la Côte Saint-Luc près de la rue Mc Mahon. Lorsque les policiers du Poste de
quartier 11 arrivent sur les lieux, le suspect se trouve à l’extérieur. Durant
l’intervention policière, l’individu menace les patrouilleurs à l’aide d’une arme
tranchante. Ces derniers ont ouvert le feu et ont atteint l’homme. Une femme
grièvement blessée a été découverte, par la suite, à l’intérieur du domicile.» Le
suspect est mort. Il s’agit d’une mort non-accidentelle, les policiers invoquant la
légitime défense face à l’homme armé d’une arme tranchante.
-À notre connaissance, il n’existe pas d’autres version de cet événement.
Chapitre 40 : un homme dont on ignore le nom et l’âge
Le 7 novembre 2006 vers 20h43, un homme dont on ignore le nom et l’âge « se serait
» tué avec un couteau alors que des agents du SPVM voulaient l’interpeller, le
soupçonnant d’avoir commis un vol à main armée.
-Résumé du cas : D’après le SPVM, « vers 20h43, le 9-1-1 reçoit un appel signalant
un vol qualifié dans un dépanneur de la rue Provost, près de la 25e avenue. Lorsque
les policiers arrivent sur les lieux, ils constatent que le commis du dépanneur
souffre de plusieurs blessures causées par une arme tranchante. Un témoin avise les
policiers que le suspect a pris la fuite, à pied, en direction sud, vers la rue du
Croissant Holon et qu’il est entré à l’intérieur d’un triplex. Arrivés sur place,
les policiers constatent que le suspect est assis sur le palier, à l’intérieur de
l’immeuble. Ils entrent et demandent à l’individu de lâcher son arme, celui-ci se
serait alors assené plusieurs coups de couteau avant que les policiers ne puissent
intervenir. Le commis du dépanneur et le suspect ont été transportés à l’hôpital.
La victime, touchée au haut du corps, est dans un état critique, mais on ne craint
pas pour sa vie. Le suspect, quant à lui, est décédé des suites de ses
blessures. »
-À notre connaissance, il n’existe pas d’autres version de cet événement.
CONCLUSION
« Parce que dans les rues, y a encore plein de Gosset, qui s’promènent avec leurs
guns, Quand les sirènes sonnent, j’sais qu’y a rien d’bon, bin Shoot a Babylone! »
Cavaliers Noirs, Brutalité policière
Depuis la Commission Poitras en 1997, quelques choses ont changé : il y a eu
l’arrivée de la fameuse « police de quartier » en 1997 et la Loi sur la police de
2000. Mais est-ce que quelque chose a changé concrètement, dans les relations entre
la police et les gens dans les rues de Montréal?
Sur les 40 mors, sans faire de statistiques macabres, on peut noter qu’il y a eu au
moins 6 Noirs (la plupart Jamaïcains), 3 latins (un Espagnol, un Salvadorien et un
Péruvien) et un arabe musulman. On voit que les « minorités visibles » sont ciblées
par les bavures policières et ce n’est pas un hasard. L’agent Gosset avait déjà été
impliqué dans un incident raciste et brutale en 1981, traitant un Noir de « damn
nigger », six ans avant qu’il ne tue Griffin. Des policiers se pratiquaient au tir
avec comme cibles des jeunes Noirs. Même au sein de la police, les policiers Noirs
se plaignent d’être victimes de discrimination et de racisme. En 2002, quand le
jeune Winston Roberts s’est fait battre par six agents de surveillance du métro
Villa-Maria à NDG, l’un des agents a dit « Tous les noirs sont pareils ». Deux ans
plus tard, Wilson mourait suite à son arrestation brutale par six policiers. Avec
la paranoïa anti-musulmane et anti-arabe qui n’a fait qu’augmenter après le 11
septembre 2001, on ne peut que se douter que la mort inexpliquée de Mohamed Anas le
1er décembre 2005 est encore une fois un cas de délit de faciès ou de profilage
racial.
Notons aussi qu’avec Lizotte et Morin, on voit que la politique de tolérance zéro
de la Ville de Montréal contre les gens de la rue est dangereuse et peut mener à la
mort des itinérants dans la foulée du nettoyage social. Le nombre élevé de cas où
les policiers interviennent auprès de personnes qui sont en crise et où la
situation se termine en drame montre aussi que face aux coupures dans les services
sociaux et à l’augmentation des budgets policiers, on ne rappellera jamais assez
que les policiers ne sont pas des travailleurs sociaux mais de simples agents de la
répression. Alors que les crimes sont en baisse depuis les années 1990, il est
grand temps de réduire les budgets de la police pour rendre l’argent où on en a
réellement besoin : dans les services sociaux, santé, éducation, logement, etc.
Sur les 40 morts, environ la moitié sont causés par des tirs de balles réelles. Que
ces morts soient des « accidents » ou non, on dirait que les policiers se
comportent comme des cowboys au Far West, et on sait qui sont les Indiens : les
personnes de couleur et les pauvres. Et que dire du fait que le policier assassin
Dominic Chartier, après qu’il ait tué Lafrance en 1989, puis qu’il ait été le
partenaire de Garneau quand celui-ci a tué Suazo en 1995, était moniteur de tir en
septembre 2004?! Le pire là-dedans, c’est encore que le SPVM s’en vantait dans le
journal L’Heure juste destiné aux policiers… Après on ne s’étonnera pas du fait que
pas plus tard que le 27 avril 2007, des agents de la section Moralité, Alcool et
Stupéfiants (MAS) du SPVM ont encore une fois tiré dans la tête d’un jeune de 22
ans dans le quartier NDG. D’après les policiers, il s’agirait d’une affaire de
drogue et le suspect aurait tiré le premier, mais nous avons de bonnes raisons de
croire qu’une
fois de plus, cette version policière n’est qu’un mensonge visant à couvrir un abus
de plus. Par chance, le jeune a survécu, mais si les autorités ne font rien pour
que la police arrête de nous tirer comme des lapins, faudra-t-il désarmer les
policiers ou encore nous armer pour nous défendre?
Quant aux armes supposément « non-léthales » comme le poivre de cayenne, le Taser
ou les balles de plastique, leur léthalité est-t-elle encore à démontrer? Doit-on
s’étonner que quatre morts aient été causées par le poivre de cayenne entre 1996 et
2000, quand la police affirme s’en être servi 323 fois en 1999 (chaque fois en
dernier recours?!)? Ou ne devrait-on pas plutôt s’étonner qu’il n’y ait pas eu plus
de morts, quand on sait que certaines personnes sont plus à risques lorsqu’ils
reçoivent plus d’une dose de poivre de cayenne (ex : enfant, personne asthmatique
ou cardiaque, femme enceinte et personne sous l’effet de drogue ou d’alcool).
Quant au Taser, ce fusil qui envoie des décharges électriques de 50 000 volts, ce
n’est pas parce que les agents du SPVM se sont gênés de l’utiliser qu’on n’a pas
enregistré de morts causés par son utilisation à Montréal. On se rappelle que les
Tasers avaient entre autres été utilisés lors de l’éviction du squat de Préfontaine
en 2001. Le 14 mai 2004, après que des agents utilisent le Taser contre un détenu
au Centre Opérationnel Ouest, ils ont dû appeler Urgences-Santé pour le conduire
d’urgence dans un hôpital. D’autres n’ont pas eu cette « chance » : en effet, les
Tasers ont causé pas moins de 74 morts en Amérique du Nord entre 2001 et 2004, dont
9 au Canada en quinze mois. Les Tasers sont utilisés par 60 corps policiers au
Canada, plus de 5 000 corps de police et de gardiens de prison aux Etats-Unis, de
même que par les militaires des l’armée américaine qui sont accusés de torture en
Irak… Et dire que cet outil de torture est vendu au nom de « sauver des vies »…
Quant aux morts « violentes accidentelles », telles celles de Michel Morin et
d’autres, elles sont liées aux techniques de « contention » utilisées par les
policiers pour « maîtriser » des gens récalcitrants à leur arrestation. Bien que
ces techniques soient mortelles, elles sont toujours enseignées à l’Institut de
police de Nicolet et pratiquées par les policiers à Montréal comme ailleurs. Une
étude détaille 13 cas où des gens ont été tuées par des policiers aux Etats-Unis
suite à l’application de « choke holds » (prises d’étouffement), pourtant une prise
enseignée aux policiers comme méthode de contrôle.
La coroner Line Duchesne cite dans son rapport sur la mort de Michel Morin le
commentaire de Me Gérald Locas qui a présidé l’enquête sur la mort de John Kordic
en 1993 : « Le rôle du policier est de protéger la société en arrêtant les
individus qui commettent des infractions; et dans l’accomplissement de son devoir,
il se retrouve souvent dans l’obligation de poser un geste qui a pour conséquence
de mettre en péril la vie d’un suspect. Il n’est donc pas question de proscrire
systématiquement tout geste de cette nature, mais plutôt de veiller à ce qu’il ne
soit pas posé de façon inappropriée, inutile, excessive, abusive ou de toute autre
manière injustifiée. » Mais comment mesurer une telle action mettant la vie d’un
suspect en danger de manière appropriée? « Ce qui importe, c’est le respect de
l’équilibre entre l’action et les conséquences qui en découlent. (…) Il appartient
alors au policier de juger de la situation selon sa perception des événements et de
décider de l’action à prendre selon son jugement et conformément à l’enseignement
reçu. »
Donc on nous demande de faire confiance au bon jugement des policiers dans
l’application de techniques mortelles sur des suspects, qui ne sont d’ailleurs
jamais des ministres ou des avocats, mais plutôt des personnes de couleur et des
pauvres. Or, tout nous donne plutôt des raisons de ne pas faire confiance aux
policiers qui assassinent. Il faut croire que ce n’est pas du côté du gouvernement
que nous devons nous tourner pour de la sécurité…
Une des raisons de morts causées par la police qui n’est pas vraiment évaluée dans
ce rapport est les morts causées par des poursuites policières. Alors que
l’Assemblée Nationale et la SQ ont décrété 2007 « L’Année de la Sécurité routière
», la SQ a déjà elle-même causé une mort sur les routes dès le mois de janvier en
entamant une poursuite sur l’autoroute pour arrêter une personnes pour… conduite
dangereuse?! Alors qu’une coroner a déjà démontré qu’il y avait eu 46 morts causées
par des poursuites policières au Québec entre 1993 et 2003, dont une bonne partie
doivent être à Montréal, on se demande pourquoi les policiers s’entêtent à vouloir
défendre à tout prix cette pratique meurtrière et en même temps donner des
contraventions aux piétons et aux cyclistes en disant vouloir réduire le nombre de
décès sur les routes!? Faites-pas comme nous, on est des professonnels, c’est ça?
Les déviances systémiques dans les enquêtes, de 1987 à 2006
Déjà en 1998, le COBP identifiait une douzaine de déviances systémiques qui font
que quand des policiers enquêtent sur d’autres policiers, on n’arrive jamais à la
justice. Tentons de lier ces déviances à l’affaire Anas pour voir si quelque chose
a changé depuis.
1) Des policiers de la police de Montréal font une enquête parallèle à celle de la
SQ sur les cas de mort d’homme afin d’accumuler de l’information pouvant servir à
orienter les versions policières : Le fait que le président de la Fraternité des
policiers Yves Francoeur répète à qui veut l’entendre qu’il a vu les vidéos et les
blessures du policier, il faut croire qu’il a eu plus d’accès aux preuves que la
famille de la victime… 2) Le non respect des règles de l’art de la préservation
d’une scène de crime, sous prétexte que ces morts, parce que survenues lors
d’opérations policières légitimes, ne constituent pas à priori une scène de crime :
Le fait que la police n’a pas protégé les vidéos de l’incident, affirmant qu’elles
n’étaient pas « exploitables », puis qu’elles n’existent plus, c’est clairement le
cas, surtout que les avocats de la famille ont demandé explicitement la
préservation des vidéos… 3) L’octroi de délais dans les processus d’enquête afin de
permettre aux policiers impliqués de se consulter pour ajuster leurs versions après
avoir reçu de l’information sur les versions de témoins civils et de données sur la
scène de l’événement : Ici aussi, on se demande sinon pourquoi est-ce que ça aura
pris 11 mois à l’enquête pour conclure la même chose que ce qui était écrit dans le
communiqué du SPVM le 1er décembre 2005? 4) La radiation de certains témoins dans
le but d’éviter des témoignages compromettants : Dans le cas Anas, il faut croire
que tous les témoins sont compromettants car il n’y en a aucun qui parle! 5) La
fabrication ou la destruction de preuves : L’histoire du couteau de cuisine, des
blessures du policier et du « Allah est grand » ressemble à de la fabrication de
preuve, et la destruction des vidéos confirment aussi que c’est toujours la même
histoire… 6) La manipulation du processus judiciaire en exploitant les relations de
solidarité existant entre les différents intervenants de l’appareil judiciaire :
policiers, procureurs, coroners : Ici encore, le fait qu’aucune accusation n’ait
été portée contre les agents impliqués dans la mort de Anas démontre que les
solidarités entre les flics, procureurs et coroners sont loin d’être terminées… 7)
La rétention stratégique de certaines informations tandis que d’autres, favorables
aux policiers, sont divulguées dans les médias par les corps policiers : Dans le
cas Anas, il faut croire que toute information est stratégique et donc doit être
gardée secrète, alors que presque rien n’est divulgué dans les médias… Des
déclarations officielles, avant la fin de l’enquête, offrant des « conclusions »
non fondées au moment où elles sont faites : Ça s’applique tout-à-fait à la version
policière répétée sur tous les toits sans aucune preuve à l’appui! 9) Des campagnes
intensives de relations publiques orchestrées afin de contrer l’image négative
véhiculée durant la crise : On se rappellera de la lettre d’opinion signée par
Francoeur au nom des 4 000
policiers du SPVM se disant « blessé » par les gens qui réclamaient la Justice
pour Anas en janvier 2006! Ça rappelle la pétition signée par 90% des policiers de
Montréal pour dénoncer le congédiement de Gosset… 10) Des campagnes visant à
discréditer les personnes ou groupes qui critiquent publiquement la police lors de
ces événements : Sans vouloir s’en vanter, le COBP semble être une cible de choix
pour le SPVM qui tente systématiquement de nous salir en se servant des médias qui
lèchent leurs bottes et de nous discréditer en nous traitant de violents, alors
que ce sont eux qui tuent des gens! 11) Le refus systématique des policiers des
corps policiers de reconnaître leurs torts, d’exprimer des regrets et de formuler
des excuses : Encore une fois, cela s’applique de A à Z à l’affaire Anas, car bien
que le Président de la Commission de la Sécurité publique ait versé une larme de
crocodile en se disant « désolé », le directeur du SPVM Yvan Delorme garde un
silence qui en dit long depuis le début de l’Affaire… 12) Le manque de
préoccupation des autorités envers les victimes secondaires de ces incidents :
parents et amis. Demandez à la famille Bennis ce qu’ils en pensent, ils vous
diront comme ils ont été patients et qu’en échange, tout ce qu’ils ont eu est de
l’arrogance, de l’hypocrisie et des enveloppes vides!
Bref, comme nous l’avons vu brièvement, la questions des bavures policières et de
l’impunité pourrait faire l’objet de nombreux doctorats, mais en attendant il est
clair que le problème n’est pas seulement quelques « mauvaises pommes », ni même le
fait que le tonneau au complet est en train de pourrir depuis des années, mais
c’est surtout le manque d’action de la part des autorités politiques qui ne font
qu’applaudir face aux abus de pouvoir et aux budgets grandissants des services de
police. S’il est clair que les victimes méritent de reposer en paix et leurs
familles d’avoir enfin la justice, il est aussi évident que le gouvernement fait
partie du problème plutôt que de la solution, et que nous ne devons compter que sur
nos propres forces.
Ce qui ne veut pas dire qu’on ne va pas rappeler au
Minstre-de-la-Sécurité-Publique-et-Ministre-de-la-Justice (et quoi encore?!)
Jacques Dupuis ses belles paroles du temps où il était dans l’opposition après la
Commission Poitras : « Nous faisons face au danger d’une crise de confiance dans le
public… Ne jouons pas avec la confiance que le public devrait avoir dans la police.
Si le gouvernement n’applique pas les recommandations (de la Commission Poitras),
les gens pourraient penser encore que ce sont des amis qui enquêtent sur des amis.
» Et bien on dirait que maintenant qu’il est au pouvoir, Dupuis fait partie des «
amis » et qu’il a bien plus l’intention de protéger les siens plutôt que de
rassurer les gens qui veulent encore avoir confiance dans la police et l’État en
leur donnant la justice, ou au minimum une enquête publique. Rappelons aussi qu’une
(et non la moindre!) des recommandations de la Commission Poitras affirmait
justement : « La situation exige une réelle prise en charge de toute la dynamique
provinciale par le ministère de la Sécurité publique. Cette prise de position du
ministère de la Sécurité publique devra prendre en considération certaines des
inquiétudes que soulève le mémoire qu’a déposé devant nous le COBP. »
Alors la demande est lancée une fois de plus : on veut une enquête publique sur la
mort de Anas, et sur toutes les morts avant et après aussi. En attendant, on va
continuer de dénoncer les responsables politiques pour ce qu’ils sont : les
complices des policiers assassins; et les policiers assassins pour ce qu’ils sont :
les chiens de garde des riches et des fascistes, sans plus ni moins. Ceci dit,
c’est sérieusement que nous continuerons le combat.
Pour tous les morts, pas une minute de silence : toute une vie de lutte!
Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP)
(514) 859-9065 – cobp(a)hotmail.com –
www.cobp.ath.cx